À l’heure où certain(e)s de nos collègues (et nombre de journalistes mal informés ou désinformant) reprochent aux classes préparatoires leur faible « ouverture sociale », il convient de revenir aux faits et surtout de les mettre en perspective « historique ». Osons espérer que le tableau ci-joint éclairera un peu mieux le débat : Origine sociale des étudiants de CPGE On constate certes, qu’une année donnée, il y a une forte disproportion dans la répartition des étudiants de CPGE par origine sociale : à la rentrée 2011 par exemple, il n’y avait qu’environ 6 % d’enfants d’ouvriers en CPGE, alors que 30 % des hommes de la génération des pères des étudiants de CPGE sont ouvriers et, symétriquement pourrait-on dire, les enfants de cadres ou de professions intellectuelles supérieures représentent environ la moitié des effectifs inscrits en CPGE alors que leurs pères ne représentent qu’un cinquième des quadragénaires. Tout ceci est bien connu et n’est pas nouveau. Ce qui l’est peut-être moins, c’est l’évolution sur les quinze dernières années. On constate sur le tableau ci-joint que depuis quelques années, la proportion d’enfants d’ouvriers inscrits en CPGE augmente (même si ce n’est que légèrement) alors que le « poids » des ouvriers dans la population des hommes quadragénaires ne cesse de régresser et, symétriquement, la proportion d’enfants de cadres ou de professions intellectuelles supérieures (CPIS) baisse (même si ce n’est que légèrement) alors que, dans le même temps, le poids des CPIS ne cesse de croître. Bref, la tendance de ce que les sociologues (anglo-saxons) appellent des odds ratios (rapports de chances relatives en français) est plutôt orientée dans le sens d’un resserrement (même léger…) des inégalités lorsqu’on envisage les choses de manière globale comme dans le tableau ci-joint : en 1999 les ouvriers sont 37,3/14,4 = 2,6 fois plus nombreux que les CPIS alors que leurs enfants inscrits en CPGE sont 9 fois moins nombreux ; en 2011, les rapport sont respectivement passés de 30,3/19,7 = 1,5 et 8. Assurément, il faudrait évidemment nuancer et analyser plus finement les données en fonction des filières et des établissements. Là aussi, comme pour « les » professeurs en CPGE, l’usage d’un article défini est sans doute beaucoup moins approprié que celui d’un article indéfini tant est grande la diversité des situations de chacun(e) (voir l’article récent de deux sociologues français téléchargeable ici).

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