L’élite se réserve l’enfer

Après avoir longtemps mis en cause le « délit d’initié » qui réserve aux enfants de la « bonne
société » la meilleure part du gâteau éducatif, voici que Le Monde (4 février 2012) lève le voile sur
le drame que cela cache : la bourgeoisie, les cadres supérieurs, les chefs d’entreprise, les
professeurs eux-mêmes sont devenu fous ! Ils placent leurs propres enfants en « enfer », c’est à dire
en classe préparatoire.
Dépression, épuisement, compétition malsaine, la prépa est la terre promise des favorisés !

Les nantis aspirent … au pire.

En revanche, quelle chance que nos élèves moins bien orientés et moins avertis, souvent issus de
classes beaucoup plus modestes, puissent échapper à ce malheureux destin des « héritiers ». Le bonheur
attend ailleurs les défavorisés, probablement dans d’autres filières moins insupportablement
sélectives.
Le Monde les a heureusement mis en garde et vaccinés contre l’excès d’ambition, d’effort et de
travail.

Il est vrai que ces défavorisés-chanceux trouveront toujours la compassion idéologique et médiatique
dans les pages du Monde ; ce qui les aidera à flotter, mieux qu’avec un diplôme, avec des mots, dans
l’univers impitoyable où nous vivons.

Bref, tout cela est à pleurer et on se demande vraiment quelle est la pensée et l’arrière pensée de
ces articles que je juge socialement irresponsables et immoraux. Quand on voit l’énergie déployée
pour ouvrir au plus grand nombre et sans exclusive nos prépas, quand on connait la qualité des
enseignements dispensés, on voudrait écrire un « j’accuse » sur ces inepties !

Il n’est évidemment pas question de nier l’intensité du régime préparatoire aux grandes écoles ni le
fait que certains préparationnaires puissent n’y pas trouver leur épanouissement. Mais le témoignage
des déçus et le bureau des plaintes alimentent ici une instruction exclusivement à charge.
Prenons-le comme du journalisme d' »opinion bien orientée » nourri de pages entières partisanes et
sans aucune contrepartie …

Tristes mais cordiales pensées

Thierry Debay