Depuis plusieurs semaines, la réforme du collège initiée par le MEN suscite de nombreux mouvements de protestation partout en France. Un appel à la grève est lancé pour le 19 mai 2015.
Sans se prononcer sur l’ensemble d’une réforme qui se situe hors de son champ habituel d’intervention, l’APHEC souhaite rappeler ici son attachement à l’enseignement des langues anciennes et des langues vivantes dans leur diversité, qui seule permet de mieux se situer dans une Europe unie et un monde globalisé.
Les plus hautes autorités de l’État allemand ont d’ailleurs exprimé leurs inquiétudes à propos de ce projet de réforme qui est en contradiction avec les articles « Éducation et Jeunesse » du traité de l’Élysée signé le 22 janvier 1963 par le Chancelier ADENAUER et le Général de GAULLE et dont voici un extrait : « Les deux Gouvernements reconnaissent l’importance essentielle que revêt pour la coopération franco-allemande la connaissance dans chacun des deux pays de la langue de l’autre. Ils s’efforceront, à cette fin, de prendre des mesures concrètes en vue d’accroître le nombre des élèves allemands apprenant la langue française et celui des élèves français apprenant la langue allemande.»
L’APHEC affirme que le droit à l’excellence pour tous doit être la priorité de l’Éducation Nationale. Seule cette offre peut susciter l’ambition et nourrir le plaisir d’apprendre. Elle refuse de souscrire à des discours stigmatisant l’élitisme supposé de filières (notamment bi-langues et classes européennes), présentes en réalité dans de très nombreux établissements de quartiers populaires. Confondre élitisme pour quelques-uns et excellence offerte à tous relève d’une logique bien singulière. La réussite et la satisfaction attestées des nombreux élèves inscrits dans ces filières devraient plutôt être interprétées comme une incitation à les généraliser que comme un argument pour les dénoncer afin de justifier leur suppression.
C’est pourquoi nous soutenons nos collègues qui réclament une discussion approfondie sur ce projet de réforme, et souhaitons vivement, au moment où commence la consultation sur les programmes, que les professeurs ne soient pas exclus de fait de la négociation annoncée, mais pourtant bien mal engagée.
Philippe HEUDRON,
Président de l’APHEC