ECRICOME 2004

ALLEMAND – LV 1

I. VERSION

Leben in Deutschland

Wer sind wir Deutschen? Wie wurden wir, was wir heute sind? Und wohin geht es?

Wer heute in Deutschland 50 Jahre alt ist, kam 1953 auf eine ganz andere Welt als jene, in der wir heute leben. Der Mann hatte eine vorhersehbare Vollbeschäftigungsbiografie; die Frau sorgte sich um Kinder und Küche, wenn sie nicht gerade Kriegerwitwe war und die Familie ernähren musste. Das Fahrrad war das schnellste Fortbewegungsmittel der meisten, auf deutschen Straßen fuhren erst eine halbe Million Personenwagen. Das Fernsehen, damals gerade ein Jahr alt, drang in kaum ein Wohnzimmer. Nach Krieg und Vertreibung – neun Millionen Flüchtlinge aus dem Osten – war jeder glücklich, Wurzeln schlagen und sein Häuschen bauen zu dürfen. Man heiratete früh, wurde mit 25 Vater oder Mutter; Kinder kamen nach Lust und Laune der Natur, Scheidung blieb ein peinliches Missgeschick. Der Kirchgang am Sonntagvormittag war so selbstverständlich wie der Familienspaziergang am Nachmittag. Die Theorien von Meynard Keynes obwalteten im Westen, die von Karl Marx im Osten.

Diese Welt von 1953 ist dahin. Lebensformen und -verläufe haben sich seitdem massiv verändert. Die Vita der Menschen zersplittert. Im Beruflichen wie im Privaten wird sie zunehmend aufgespalten in Teilzeit-Etappen, die das Arbeitsleben in eine Abfolge von Durchgangsjobs verwandeln. Lebenspartner werden zu Lebensabschnittsbegleitern in einem System konsekutiver Polygamie. Die Kirchen haben an Mitgliedern wie an Einfluss verloren, die Philosophen finden wenig Gehör.

Nach Theo Sommer
In: Die Zeit (02.10.2003) Nr. 41

II. THÈME

Ce fut un mariage d’amour. Peu de femmes auront, je le crois, été aimées comme j’ai eu la chance de l’être. J’ai trouvé un vrai bonheur à vivre cet amour sans cesse démontré.
Nous voulions fonder une famille. Jean-Marc souhaitait huit, dix et pourquoi pas douze enfants ! C’était beaucoup trop pour moi, qui estimais mes capacités éducatives à un moindre niveau. J’avais déjà conquis un peu de liberté, je n’étais pas prête à y renoncer. Nous avions conclu un pacte. Jean-Marc s’est engagé à prendre une grande part à l’éducation des enfants afin de me permettre d’élargir mon champ d’activité. Nous avons eu sept enfants. Et, chaque fois, il a respecté sa promesse. Comme moi, il a donné les biberons la nuit, il a accompagné les enfants à l’école, il a rencontré leurs professeurs, il s’est occupé d’eux le dimanche. Et cela à une époque où le partage des tâches au sein du couple était loin d’être à l’ordre du jour. Il a été et reste un père exemplaire.

D’après Monique Pelletier, La ligne brisée
Éditions J’ai lu, 1995

La partie III de l’épreuve – essai ou thème contraction (commun à toutes les langues) – est au choix du candidat.

III a. ESSAI

Les candidats sont priés d’indiquer le nombre de mots employés (de 225 à 275)

Das erweiterte Europa soll nun eine Verfassung erhalten. Was erwarten Sie von den neuen Institutionen der Europäischen Union?

III b. THÈME CONTRACTION

Les candidats sont priés d’indiquer le nombre de mots employés (de 180 à 220)

Inquiéter pour contrôler

La décision du ministre français de la culture, M. Jean-Jacques Aillagon, de ne pas suivre la plupart des propositions du rapport présenté le 14 novembre par la philosophe Blandine Kriegel sur la violence à la télévision ne rend pas moins nécessaire l’analyse de la stratégie et des arguments qui y sont développés. En effet, le rapport Kriegel sélectionne certaines recherches aux dépens d’autres, en impose une lecture univoque et développe une conception sécuritaire de l’éducation aux images.

Le rôle de la précarité

D’autres chercheurs ont en effet développé sur ce sujet un tout autre point de vue. Le plus connu, George Gerbner, a travaillé à la demande du ministère américain de la santé dès 1967. Il résume lui-même ses conclusions : « La violence à l’écran contribue, à proportion de 5 % peut-être, à la violence réelle : c’est dire que sa contribution est relativement insignifiante.» Est-ce à dire que, pour Gerbner, la violence des images n’aurait pas de conséquences ? Certes non ! Mais, pour lui, ces conséquences ne concernent pas seulement les jeunes, mais toutes les catégories de la population, quel que soit leur âge. Et surtout, elles se caractérisent par le développement d’un sentiment de danger et de vulnérabilité qui pousse les catégories les plus défavorisées à accepter une exploitation et une répression accrues, voire à la désirer. Or, bien que Mme Kriegel cite à deux reprises George Gerbner, c’est de façon si laconique qu’il semble conforter son point de vue, alors qu’au contraire il s’y oppose. Au lieu de s’interroger sur les moyens de desserrer les formes de contrôle social, elle appelle à les renforcer. Ce n’est guère étonnant dans la mesure où les mots de « pauvreté », de « précarité » ou de « couches défavorisées » ne sont jamais prononcés dans son rapport…

Le texte de la commission Kriegel privilégie délibérément tout ce qui peut justifier un accroissement du contrôle aux dépens d’un encouragement des initiatives qui contribueraient à faire de la télévision un meilleur miroir de la vie sociale.

Revenons-en aux recherches américaines citées. Elles concluent que les enfants qui regardent la télévision plus longtemps courent plus de risques que les autres de devenir des adultes violents. De tels résultats soulèvent bien des problèmes qu’une censure des programmes ne paraît pas pouvoir résoudre. Dépasser la violence ?

Une seconde question serait de savoir pourquoi, parmi les enfants qui regardent plus la télévision, certains – une forte minorité – ne sont pas devenus plus violents tandis qu’une courte majorité le devenait. Cela permettrait de poser les bases d’une politique de prévention réaliste et efficace. Car ce n’est pas demain que les images violentes disparaîtront !
Admettons que ce type de scène rende effectivement certains jeunes «violents». S’est-on demandé comment la vie psychique de ceux qui ne le sont pas devenus s’est organisée en liaison avec les images violentes qu’ils ont vues ? Peut-être certains y ont-ils gagné en combativité et sont-ils devenus mieux adaptés au système ultracompétitif américain ? Car si notre environnement s’accompagne de plus en plus d’images violentes, il s’accompagne aussi d’une revendication de plus en plus forte de l’individualité. Ne pourrait-on faire un lien entre ces deux constatations ?

Le rapport Kriegel propose enfin « un large volet éducatif comprenant des émissions de promotion à une culture de respect d’autrui et de dépassement de la violence ». Autrement dit, il s’agit d’inviter les jeunes à ne plus être victimes des conséquences supposées des images violentes, et absolument pas de les préparer à vivre en bonne intelligence avec toutes les images qui les entourent. Répétons-le : l’éducation aux images devrait permettre de devenir plus intelligent, plus heureux et plus responsable, et de vivre en paix avec l’ensemble de l’environnement audiovisuel. Pour y parvenir, elle doit donner la parole aux enfants, se mettre à leur écoute, les inviter à donner du sens aux images qu’ils voient et les inciter à créer les leurs. Elle nécessite aussi d’envisager toutes les images comme des constructions et de renoncer à l’idée que certaines d’entre elles puissent être de simples reflets, comme l’est qualifié dans ce rapport le journal télévisé, « reflet inévitable de la violence du monde ».

Des animaux sauvages

Quant à l’action en direction des parents, elle est évoquée par une seule phrase qui résume à elle seule l’ensemble de la philosophie qui anime ce rapport : « Une action en direction des parents devraient (sic) d’abord se donner pour but de les amener à surveiller et encadrer la consommation audiovisuelle de leurs enfants. Elle devrait aussi les convaincre de procéder avec tact faute de quoi leur action créerait plus de conflit qu’elle n’en résoudrait. » Bref, les enfants nous sont présentés comme des sortes de produits dangereusement réactifs qui nécessiteraient des précautions d’emploi, voire comme des animaux sauvages toujours prompts à agresser leur dompteur, et jamais comme des êtres humains mus par le désir de donner du sens à leurs expériences d’images.

Il est vrai que ce choix impliquerait de se préoccuper un peu plus des images et des personnes qui les regardent, et un peu moins de la force de l’État et du renforcement de son pouvoir.

D’après Serge Tisseron
Le Monde Diplomatique
Janvier 2003