ECRICOME 2OO1

ALLEMAND – LV 1

I. VERSION

Die Wut ist gut

Das Wörtchen « Krise » entstammt dem medizinischen Sprachgebrauch. Ärzte bezeichnen damit einen Fieberanfall als Wendepunkt einer Infektionskrankheit. So gesehen ist eine Krise heilsam. Sie aktiviert die körpereigene Abwehr gegen einen Angriff und birgt die Chance, die Krankheit zu überwinden. In der Politik ist das nicht anders, auch die Ölpreiskrise und die Benzinwut ließen sich nutzen, um ein Leiden wirksam zu bekämpfen – die Energieverschwendung. Nur wagt sich Gerhard Schröder da bisher nicht heran. Mittels Heizkostenzuschuss für Arme sucht der Kanzler seine Sympathiekrise zu überwinden und die vom Volk unverstandene Ökosteuer zu retten. Das hat mit der produktiven Nutzung der Lage nichts zu tun. Das erneute Geschrei um die nächste Stufe der Ökosteuer wird das zeigen.

Dabei sollte man das große Jammern an den Tankstellen und beim Heizöleinkauf für eine wahre Modernisierung nutzen. Was Autofahrer, Mieter und Hausbesitzer derzeit nervt, sind schließlich nicht die hohen Energiepreise, sondern die Rechnungen, die sie für die Fahrt zur Arbeit oder für eine warme Stube zahlen müssen. Rechnungen haben aber zwei Komponenten: Menge und Preis. Ist der Preis hoch, lassen sich die Kosten nur auf der Mengenseite drücken. Unmöglich? Nur mangelnder Technikverstand und nur fehlendes Kapital hindern die Verbraucher daran, Energie intelligenter und sparsamer zu nutzen. Nicht den Energieverbrauch, sondern das Energiesparen soll die Regierung fördern.

Nach Fritz Vorholz
Die Zeit, 28. September 2000

II. THÈME

L’Allemagne, un pays d’immigration

L’Allemagne est un pays d’immigration: plus personne ne le conteste, pas même les chrétiens-démocrates qui clamaient le contraire du temps de Helmut Kohl. Dans un pays de faible natalité, qui a besoin selon l’institut économique de Berlin DIW de faire venir au moins deux cent mille immigres par an, le débat, que la CDU vient une nouvelle fois de relancer, porte désormais sur deux questions: de quelle immigration l’Allemagne a-t-elle besoin ? Comment intégrer les étrangers?

Le chancelier Schröder avait brisé un tabou au début de l’année en proposant d’accorder des visas à des informaticiens étrangers pour pallier la pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur. Il a alors montré à la population que les immigrés ne sont pas nécessairement des pauvres venus de l’Est ou des réfugiés de Yougoslavie, comme ce fut le cas dans les années 90, mais aussi des personnes qualifiées, parfois plus que les Allemands, dont le pays a besoin. Une nouvelle loi régulant l’immigration est donc prévue par le gouvernement avant la fin de la législature.

D’après Arnaud Leparmentier. In : Le Monde 9 novembre 2000

III. ESSAI

Les candidats sont priés d’indiquer le nombre de mots employés (225 à 275)

“Wenn die Ökologen ihre Standpunkte durchsetzen könnten, würde die Arbeitslosenzahl drastisch steigen.”
Wie stehen Sie zu dieser Behauptung ?

III. THÈME-CONTRACTION

Les candidats ont priés d’indiquer le nombre de mots employés (180 à 220)

Halloween: néopaganisme ou mercantilisme?

Squelettes et sorcières, fantômes et potirons sont ressortis des cartons. Dans le calendrier des supermarchés et des écoles, Halloween revient désormais aussi sûrement que les œufs de Pâques ou la galette des rois. Cette inflation de rites collectifs, pseudoreligieux ou commerciaux ne laisse pas d’étonner dans une société qu’à longueur de colonnes sociologues et anthropologues décrivent comme individualisée et sécularisée. Coïncidant avec les fêtes de la Toussaint et des morts (les 1er et 2 novembre), risquant même de les supplanter, le succès d’Halloween fait le bonheur des marchands et panique les hommes d’Église.

Faut-il le mettre au compte d’une simple vogue commerciale exploitant la crédulité des enfants, leur besoin de merveilleux et de féerie? Ou d’un nouvel assaut sournois de l’impérialisme culturel américain, s’il est vrai que débarquée outre-Atlantique dans les bagages des immigrants irlandais, la vieille croyance celte d’Halloween revient en force sur ses terres européennes d’origine? Ou faut-il interpréter son succès comme le symptôme de sociétés néopaïennes, de spiritualités sauvages et archaïques, de croyances parallèles et superstitieuses, qui font leur lit dans des pays de vieille chrétienté?

Ainsi Halloween supplanterait-elle la Toussaint, dont les plus jeunes générations notamment, faute de transmission religieuse, ne connaissent plus la signification. Comme la Fête de la musique a remplacé les feux de la Saint-Jean. Comme le week-end a fait oublier le jour du Seigneur.

Mais Halloween ne serait pas seulement un détournement de rites, pervers selon la hiérarchie catholique. En exploitant la terreur du squelette, même sous la forme ludique des costumes et des masques, cette «fête» macabre inverserait des signes aussi sensibles que le sens de la mort et de la vie. Car Halloween était bien une manière, pour les Celtes, à la saison où la nature s’enfonce dans la nuit de l’hiver, d’exorciser leurs craintes de la mort. Les psychiatres diraient aujourd’hui qu’ils avaient érigé en culte la névrose de la peur de la mort, que le christianisme, par la foi en la Résurrection des corps, a ensuite, d’une certaine façon, humanisée et civilisée.

Dans le calendrier chrétien, le 2 novembre, lendemain de la Toussaint, est le Jour des morts. Les familles vont garnir les tombes de leurs disparus. C’est une réminiscence de ces siècles où les cimetières étaient aménagés autour des églises pour montrer que le chrétien, croyant en la résurrection, ne craint pas la mort. Or Halloween réinvestit aussi ce rite, ce qui en dit long, souligne le psychiatre Tony Anatrella, sur l’état d’une société qui a perdu sa mémoire chrétienne et qui, «à force d’évacuer la mort, fait renaître chez les vivants la terreur des morts». Paradoxalement, l’Église n’a pas peu contribué à délaisser la mort dans sa pastorale et sa prédication sur les fins dernières de l’homme.

Autrement dit, la France déchristianisée laisserait aujourd’hui le champ libre à des rites préchrétiens, à des peurs ancestrales, dont Halloween serait le témoin, certes modeste, mais typique d’un néopaganisme rampant. Mais une telle analyse est loin de faire l’unanimité, dans le milieu de la sociologie religieuse en particulier, beaucoup plus inquiet de l’intrusion, dans la sphère de l’école publique, de la stratégie marketing des promoteurs d’Halloween. Pour Danièle Hervieu-Léger, auteur de La Religion pour mémoire, cette fête n’a aucun caractère religieux, au sens où une fête religieuse a pour but d’inscrire le fidèle dans une lignée croyante, ce qui n’est manifestement pas le cas d’Halloween.

Elle y voit plutôt le «croisement» d’un besoin confirmé de grandes fêtes collectives, marquées par des rites, des calendriers, avec une logique de marché qui envahit le champ de l’enfance et qui, débordant Noël, cherche à s’étaler dans le temps: «Dans une société fortement individualisée, nous avons besoin de fêtes, pour nous prouver, même artificiellement, que nous formons un «nous» », explique Danièle Hervieu-Léger.

Ceux qui, dans la hiérarchie catholique, agitent la menace païenne se feraient-ils donc d’inutiles frayeurs? Le vrai constat, à propos d’Halloween, c’est que l’Église a perdu le monopole de l’initiative festive et celui de l’approvisionnement en symboles religieux des fêtes collectives. Depuis longtemps, on sait que les symboliques religieuses ne sont plus les seules disponibles. L’univers des enfants, qui apprivoisent sorcières et dragons, est gouverné par bien d’autres registres. Il reste que, chez l’enfant précisément, confronté à d’autres images – celles-là bien réelles – de guerres et de morts, une telle exploitation mercantile de fêtes dont la mémoire religieuse est effacée laisse la place à toutes sortes d’imaginaires. Pour le meilleur et pour le pire.

Henri TINCQ dans Le Monde du 2 novembre 2000