ECRICOME 2002

ALLEMAND LV 1

I. VERSION

Sicherheit statt Freiheit

Otto Schily hat Recht: Flugzeuge, die auf Atomkraftwerke stürzen, Terroristen, die Biowaffen in den Händen halten – das sind seit dem 11. September keine Schreckensszenarien mehr aus der Science-Fiction-Welt. Die Sicherheit der Menschen erhält jetzt mit gutem Grund einen sehr hohen Rang, denn ohne sie kann auch die Freiheit nicht existieren.

Die zwingende Suche nach Lücken im Sicherheitsnetz und nach neuen Antworten auf diese furchtbaren Bedrohungen darf aber nicht heißen, dass Otto Schily keinen Zweifel an seinen Sicherheitsgesetzen zulässt.

Dabei ist die Auseinandersetzung darüber, welchen Preis eine freie demokratische Gesellschaft für den Schutz vor Terroristen zahlen muss, ebenso wichtig wie die Sicherheitsmaßnahmen selbst. Denn wie Benjamin Franklin, einer der Gründerväter Amerikas, schon vor rund 240 Jahren vorausschauend erkannte: Wer die Freiheit aufgibt, um Sicherheit zu gewinnen, wird am Ende beides verlieren.

Schily will einen Verbund zwischen den Dateien der Geheimdienste und der Polizei, Fingerabdrücke im Pass, eine Aufweichung des Bankgeheimnisses, strengere Visaregelungen und die leichtere Abschiebung von Ausländern, die schwerster Verbrechen verdächtig sind – all das macht Deutschland gewiss nicht zum Polizeistaat, wie mancher befürchtet.

Die eigentliche Gefahr besteht in einer schleichenden Aushöhlung der Freiheitsrechte und der Gewaltenteilung. Dieses Risiko lässt sich nur einigermaßen eingrenzen, wenn von Gesetzes wegen darauf geachtet wird, dass die neuen Anordnungen nicht missbraucht werden.

nach Martin Klingst
In: Die Zeit 11. Oktober 2001

II. THÈME

Le monde découvre Amélie

Six mois après son apparition sur nos écrans, “Le fabuleux destin d’Amélie Poulain” (1) sort aujourd’hui aux Etats-Unis. En France, il est devenu le week-end dernier numéro un pour l’année 2001 avec plus de 7 millions d’entrées. Une réussite qui va encore faire parler d’elle alors que le film est choisi pour représenter la France dans la course aux Oscars, en mars prochain.

Dès sa sortie, le film de Jeunet connaît un succès phénoménal. Une grande partie du public se lève et applaudit à la fin de chaque séance. Cette comédie et ses airs d’accordéon (2) semblent faire du bien aux âmes des spectateurs. La bonne fée Amélie efface les soucis des spectateurs.

La sortie du film sur les écrans américains met en lumière la bonne santé du cinéma français, lequel a progressé de 40 % lors du dernier trimestre dans les salles étrangères. La plus forte hausse est enregistrée en Allemagne où Amélie a déjà séduit près de deux millions de spectateurs, devant le Québec, l’Italie et la Suisse.

(1)“Die fabelhafte Welt der Amélie”
(2)l’accordéon = die Ziehharmonika

D’après un reportage de Radio-France
(Site Internet en date du 02-11-2001)

La partie III de l’épreuve : essai ou thème contraction (commun à toutes les langues) est au choix du candidat.

III. ESSAI

Les candidats sont priés d’indiquer le nombre de mots employés (225 à 275)

Jetzt ist er endlich mal da: der Euro ! Berichten Sie von Ihren ersten Eindrücken und Erfahrungen.

III. THÈME CONTRACTION

Les candidats sont priés d’indiquer le nombre de mots employés (180 À 220)

Quand l’Europe parlait français

Le thème est d’actualité. Le nouvel ouvrage que publie Marc Fumaroli est consacré à l’Europe philosophique, politique et galante qui écrit et parle français. Le livre contient notamment des extraits de lettres : Frédéric II de Prusse, Catherine de Russie, Stanislas-Auguste II Poniatowski, Franklin… Rien que du beau monde : l’élite européenne, qui, non contente d’écrire aux Français dans leur langue, choisit le français pour que s’aiment Espagnole d’adoption et Anglais voyageur fantasque. Pourtant, ne nous y trompons pas: le français n’a pas été en Europe une langue de communication. Au XVIIIème siècle, de nombreux voyageurs se plaignaient que les aubergistes de l’Europe ne parlaient pas français. La France d’alors était elle-même une mosaïque de patois : le français n’était pas compris par les Français du commun hors de l’Ile-de-France et des grandes villes… En France et hors de France, le français est parlé par les seules élites. S’il sert à voyager, c’est de cour en cour et de salon en salon. On écrit certes en français et quel français : alerte, vif, plein d’esprit ! On ne se contente pas d’informer, on séduit, on brille, on joue et on s’amuse. Rien de guindé: parfois même une orthographe phonétique comme celle de la marquise de Santa Cruz, ce qui laisse penser que ces lettres étaient écrites comme une conversation de salon, avec ses anecdotes, ses rosseries, ses traits, son oralité.

La préface du livre participe à un débat très actuel sur la perte d’influence culturelle du français. Le diagnostic est sans nuances : le français est gravement malade. Il s’exporte mal et vivote nostalgique. On lui préfère l’anglais. Et de chercher les causes de cette lente agonie. Les avis divergent: vieillissement d’une langue mal adaptée aux réalités technologiques, isolement orgueilleux. d’une citadelle assiégée, baisse de qualité d’une littérature trop franco-française, manque de volonté politique malgré les instituts culturels, les lycées français dans le monde, des organismes de défense, les promesses des uns et des autres…

Pour certains, le mal est sans remède. Une langue n’a d’importance que celle que lui confère la puissance politique et économique du pays d’où elle vient. Or la France, devenue une puissance moyenne, que peut-elle ? Que peut même la francophonie ? Les cocoricos ne suffisent pas. Les ergots frémissants, le verbe haut deviennent ridicules quand ne les appuie aucune des choses qui comptent dans le monde actuel. À toutes ces raisons, Marc Fumaroli ajoute la dégradation de notre système éducatif: l’appauvrissement de notre français parlé et écrit, menacé par une espèce de haine de soi, qui conduirait à choisir l’incorrection grammaticale, la vulgarité et la pauvreté lexicale, à mépriser et à dénigrer ce qu’on admirait et nous enviait: la France cultivée et le français comme langue de culture. Il faut éviter la tentation d’un rapprochement entre le français parlé dans l’Europe d’alors et le règne de l’anglais aujourd’hui, simple langue de communication, de commerce, et le plus souvent d’aéroport. Le rôle joué par le français au XVIIIème siècle, lié à la puissance politique, territoriale, démographique, intellectuelle de la France d’alors, fut bien différent. À des degrés moindres, une fonction assez semblable avait été assumée aux XVIème et XVIIème siècles par l’italien et l’espagnol. Aucune langue n’a succédé dans son rôle de signe et de véhicule culturel au français. Et l’on est d’accord avec Marc Fumaroli quand il affirme que le français n’a pas pour vocation de rivaliser avec l’anglais tel qu’on le parle aujourd’hui.

Peut-il pour autant retrouver son statut culturel ? On en doutera. Non parce que ce désir serait illégitime, mais parce que le monde actuel des élites n’a plus rien à voir avec celui qui domina l’Europe des Lumières. Les élites ne sont plus culturelles, mais financières, économiques, techniques, politiques. La culture, telle qu’elle se définit par ces lettres que publie Marc Fumaroli, est radicalement étrangère aux aspirations des élites de notre temps. Sans doute existe-t-il des écrivains étrangers qui choisissent encore d’écrire en français, des lecteurs passionnés de Proust, de Balzac ou de Ponge, mais où sont ces élites sociales pratiquant l’art écrit de la conversation ? Il faut craindre également le repli frileux, le mépris hautain et la haine de son passé. Voltaire écrivait en anglais et en italien, Montesquieu parlait anglais, Diderot, traducteur, commença à apprendre le russe. Rien chez eux de cette suffisance hautaine que notre culture a beaucoup pratiquée.

L’universalité de la langue française qu’affirma Rivarol allait de pair avec un cosmopolitisme fait de sympathie curieuse de l’autre.

D’après Jean-Marie Goulemot Le Monde 12 octobre 2001 à propos de « Quand l’Europe parlait français » de Marc Fumaroli (Éditions Fallois)