Sommaire


Introduction

rapport-APHEC-math-2010.pdf Comme tous les ans, la commission mathématiques de l’APHEC regarde d’un oeil critique les sujets du millésime, pour rendre un avis a posteriori. Mais alors se pose inévitablement la question : qu’est-ce qui fait la qualité d’un sujet de mathématique ? La beauté d’un sujet de mathématique tient dans divers ingrédients : dans l’originalité du thème traité qui doit intéresser voire piquer la curiosité du lecteur, dans l’élégance et la finesse de la résolution des difficultés mathématiques rencontrées, ou encore dans l’enchaînement harmonieux des parties, des questions ou des indications. Toute personne qui cotoie intimement le monde des mathématiques est inévitablement sensible à cette beauté. Les professeurs préparationnaires, au même titre que les concepteurs, attendent ou recherchent cet idéal de beauté, veulent l’atteindre, le partager avec d’autres. En sport, la beauté du geste ne vaut rien si l’efficacité n’est pas au rendez-vous, et l’on pourrait en dire de même d’un sujet de concours. Qu’est ce qu’un bon sujet alors ? C’est avant tout un sujet qui permet aux candidats de s’exprimer, de mobiliser les connaissances assimilées lors des deux années de préparation en vue de la résolution d’un problème ou d’un exercice. C’est aussi un sujet qui doit servir à trier petit à petit les candidats, afin que l’épreuve valorise graduellement les candidats en fonction de leur perspicacité et leur niveau. Enfin, c’est un sujet qui doit doit permettre aux étudiants de pouvoir se rattraper lors des changements de parties ou d’exercices, afin de ne pas les juger uniquement sur une partie mal débutée, ou bien sur une trop faible partie du programme. La notion de difficulté n’est pas antinomique avec un beau sujet, ni avec un bon sujet, bien au contraire. C’est une bonne connaissance du niveau des candidats qui permet de jauger au mieux les exigences que l’on est en droit d’espérer des candidats, et donc de calibrer le niveau de difficulté mathématique. La variété des épreuves doit être une garantie que tous les candidats trouveront une épreuve à leur mesure. La disparition de l’épreuve ESC dans les voies E et S est à ce titre fort dommageable. C’est pour aider à mieux apprécier le niveau mathématique des élèves de la filière qu’un avis a posteriori des professeurs préparationnaires sur les sujets de concours est nécessaire. La recherche de la perfection d’un sujet passe immanquablement par une chasse à l’imperfection. Les écueils à éviter sont innombrables : excès de calculs, absence de progressivité, notations ou rédactions maladroites ou imprécises, sans parler du cauchemar de tout concepteur : l’erreur d’énoncé ! Si la maîtrise de nouvelles notions est la preuve d’une aisance mathématique certaine, il ne faut cependant pas croire qu’en introduisant une définition ou un résultat hors du programme, les élèves pourront en assimiler toutes les subtilités, même après un ou deux exemples introductifs. Cette technique d’élaboration de sujet, qui consiste à viser le « beau » en introduisant des nouveautés, est certainement louable dans l’intention, mais est à utiliser avec délicatesse et parcimonie. Les mathématiques sont une école d’abstraction, de rigueur, où chaque nouvelle notion est une falaise à escalader, dont la hauteur et la difficulté, en un mot l’accessibilité, sera fonction du savoir et des capacités de chaque candidat. En ce sens, le programme est déjà en lui même un beau parcours d’obstacles. Le sujet idéal est celui qui fait preuve d’une démarche esthétique réussie tout en répondant aux exigences, plus pragmatiques, d’efficacité pour le fonctionnement du concours, et qui, enfin, ne souffre d’aucune malformation congénitale. La recherche d’un sujet proche de la perfection, le plus adapté possible, celui qui fera unanimité, est un art délicat, nous espérons tous nous en approcher au plus près avec les sujets futurs.

Voie Economique

ECRICOME 2009 voie E Nous apprécions que l’énoncé balaye largement les programmes de première et deuxième année (y compris le PASCAL). Malgré les qualités de l’exercice II, nous regrettons que les deux autres demandent autant de calculs. Le simple fait de placer l’exercice le plus classique (exercice 2) au début de l’énoncé aurait davantage mis les candidats en confiance. L’enchaînement des exercices devrait donc permettre bien trier ceux des candidats qui ne se seront pas laissés déstabiliser par l’exercice I. EML 2010 voie E Sujet adapté aux élèves de la voie économique, qu’il sera cependant difficile de finir en 4 heures. HEC 2010 voie E Le sujet est adapté, intéressant, guide les candidats, donne les résultats intermédiaires ; il couvre une grande partie du programme, avec une petite question d’algorithmique. Mais on pourra regretter que ce soit la longueur, excessive, qui soit discriminante plus que la difficulté graduelle des questions. EDHEC 2010 voie E Le programme des deux années de préparation est passé en revue dans ce texte qui fait la part belle à l’informatique et paraît adapté en longueur comme en difficulté au public visé. À noter que le concepteur a visiblement souhaité faire réfléchir les candidats par des formulations de questions imposant parfois la démarche ; voir par exemple exercice 3 question 3)b) ou problème partie 1 question 1)b). ESSEC 2010 voie E Un sujet intéressant, de longueur raisonnable, bien adapté à la voie économique. Un énoncé composé de questions classiques accessibles à la majorité des candidats et de questions plus fines ou ouvertes qui permettent de distinguer les meilleurs. ESSEC 2010 voie E math 2 L’épreuve porte dans sa globalité sur les probabilités, et plus précisément sur les variables à densité. Elle comporte 3 parties dont le niveau de difficulté est croissant. Le côté progressif de la difficulté est une des principales qualités de l’épreuve. Les correcteurs ne s’étonneront pas que certaines questions, voire certaines parties soient boudées par les candidats d’une voie eco peu adaptée au style de l’épreuve.

Option Scientifique

ECRICOME 2010 voie S Ce sujet est bien construit par rapport à notre programme de concours : il aborde beaucoup de parties différentes du cours (on pourrait dire même qu’il y a de tout), avec certaines questions d’application directe du cours, d’autres nécessitant un peu plus de réflexion, et certaines (peu nombreuses heureusement) un peu trop théoriques pour le public visé. Son état d’esprit est également bien adapté à nos étudiants. Son principal défaut est d’être très (trop) long, mais si le barème est adapté, cela n’est pas forcément pénalisant pour un concours. Dans les questions proposées, il y a largement de quoi occuper avec succès un étudiant moyen correspondant au profil écricome. Malgré ses petits défauts, ce sujet aura rempli de façon satisfaisante son rôle de sélection des candidats. EM LYON 2010 voie S Cette épreuve est constituée de deux problèmes de longueur assez équilibrée, le premier portant principalement sur des notions d’algèbre linéaire et de probabilités discrètes, et le second portant sur de l’analyse. Le sujet, peut-être un peu long, fait principalement appel à des notions du programme de première année (algèbre linéaire, suites et séries, étude de fonctions, probabilités discrètes). Les intégrales impropres constituent la seule notion de seconde année abordée dans le sujet. Les deux problèmes sont d’une difficulté progressive. Ils comportent à la fois des questions simples ou proches du cours qui ont dû permettre de valoriser un travail sérieux, mais aussi des questions plus techniques comportant peu d’indications permettant aux meilleurs candidats de se démarquer. Notons que dans le premier problème, un certain nombre de questions ont dû départager les candidats du fait du temps perdu ou gagné selon la méthode de résolution choisie. Malgré la grande diversité d’écoles utilisant cette épreuve, le sujet de cette année a dû pouvoir jouer pleinement son rôle de sélection des candidats. HEC 2010 voie S Ce problème est très long, sans que ce soit un avantage pour les candidats. En effet, repérer les questions les moins difficiles n’était pas évident, cet énoncé souffrant de nombreux défauts. Trop peu de questions font appel à une connaissance et une bonne maitrise du programme. Ce problème permet de détecter seulement les candidats capables d’assimiler des notions nouvelles et abstraites, puis de les manipuler aussitôt, démarche beaucoup plus courante en prépa scientifique au niveau ENS qu’en ECS. Il y a eu un effort pour rechercher un thème original et adapté à la filière, mais le passage à l’obtention d’un sujet original et adapté a été globalement raté. Ce sujet semble inadéquat pour sélectionner de manière la plus fiable possible les 600 admissibles à HEC et encore moins les 1200 admissibles à l’ESCP. Espérons que les concepteurs ne se draperont pas dans leur dignité en refusant toute critique, et qu’ils offriront aux futurs candidats un sujet qui leur permette de défendre raisonnablement leurs chances. EDHEC 2010 voie S Ce sujet, de facture classique et de longueur très raisonnable, aborde la quasi totalité des thèmes figurant au programme des deux années et permet aux candidats sérieux mais non nécessairement brillants de s’exprimer pleinement. Il semble donc bien adapté au profil du candidat moyen de cette filière et correspond à ce qui avait été annoncé suite à la disparition de l’épreuve ESC. Le seul petit point noir est la question d’informatique qui est bien trop facile. CCIP 2010 voie S Le sujet, consacré à la démonstration de quelques propriétés de la fonction Gamma par le biais de méthodes probabilistes était long, (41 questions), et, à l’image de ceux des années précédentes, de difficulté très soutenue, demandant une maturité mathématique hors d’atteinte des meilleurs candidats pour être résolu globalement dans le temps imparti. On peut déplorer plusieurs défauts majeurs de conception :
  • La seconde moitié du problème est fondée sur des manipulations à la fois inhabituelles et sophistiquées faisant intervenir la notion « avoir même loi » pour deux variables aléatoires sans que les hypothèses permettant ces manipulations ne soient explicitées.
  • Les hypothèses d’indépendance données au début de la partie II sont insuffisantes, rendant problématique la résolution des questions qui suivent, alors même que ce caractère restrictif n’est pas nécessaire pour établir les résultats que le problème s’est assigné. Cela aura pu gêner les candidats entre autres dans la question 8.b.
  • La question 14.c, question clé dans l’architecture du problème ne semble pas pouvoir être traitée correctement grâce aux outils mis en place dans la question 4.c. Au chapitre des points positifs, notons que des questions élémentaires de rappels de cours, et surtout le fait que le sujet comporte plusieurs questions totalement indépendantes sur des aspects variés du programme (suites séries, variables aléatoires à densité, convergence en probabilité et en loi, estimation) devraient permettre de départager correctement les bons et très bons candidats. Mentionnons également des questions d’algorithmique, sans difficultés techniques, mais demandant une bonne compréhension du cours de mathématiques.
Enfin, notons que le thème choisi (utilisation des probabilités pour montrer un résultat d’analyse) est indéniablement intéressant, mais on peut regretter que, depuis quelques années, cette épreuve ne propose plus la modélisation d’un phénomène régi par l’aléatoire et le risque. ESSEC 2010 voie S Ce sujet est tout à fait adapté et abordable par les élèves présentant l’école ESSEC. Pour réussir un tel problème, les candidats devaient avoir une maîtrise correcte du programme bien qu’ils soient très guidés. Certains raisonnements sont un peu répétitifs, en particulier beaucoup d’intégrations par parties sont à faire.

Option Technologique

ECRICOME 2010 voie T Aux réserves près sur la deuxième partie de l’exercice III, il s’agit d’une excellente épreuve, de longueur raisonnable, conforme au programme, couvrant une large partie de celui-ci. Elle doit permettre de départager les candidats et donner aux élèves sérieux une grande chance de réussir. ESCP-Europe 2010 voie T En conclusion, l’épreuve recouvrait bien l’ensemble des grandes parties du programme. Les énoncés étaient progressifs, les questions plus délicates étant situées vers la fin des exercices, ce qui permettait à un candidat moyen de tirer son épingle du jeu, et aux meilleurs de briller. Globalement, l’épreuve paraît longue ; ceci n’est pas anormal, car il convient de tenir compte de ce que cette épreuve sert à sélectionner des candidats pour un grand nombre d’écoles, parmi lesquelles figurent les meilleures du tableau. L’épreuve paraît ainsi bien adaptée aux candidats de la voie technologique. ESC 2010 voie T Pour conclure, il s’agit d’un bon sujet, équilibré, recouvrant une grande partie du programme, et parfaitement adapté aux candidats de la voie technologique. Une réserve : ni la fonction ln ni la fonction exp n’apparaissent. . . Les étudiants sérieux ont l’opportunité de réussir correctement cette épreuve, les quelques questions plus difficiles devraient permettre aux meilleurs de faire la différence. Incontestablement ce sujet est dans l’esprit du programme de la voie technologique. La commission de Mathématiques de l’APHEC

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