Le Groupe Ouverture Sociale (GOS) de la Commission « amont » de la conférence des grandes écoles s’est réuni le 17 mars 2009 à l’école des Mines de Paris. Cette rencontre du GOS avait pour thème principal « la place des CPGE dans les Cordées de la réussite » dont voici les principaux éléments de réflexion:

La place des CPGE dans les Cordées de la réussite

Eléments de réflexion

Plus de 120 établissements[[Source: dossier de presse remis lors de la conférence de presse de lancement des Cordées de la réussite du 18-11-2008, en pièce jointe]], soit un tiers des lycées ayant des CPGE sont impliqués dans les Cordées de la réussite (CDR), et donc considérés comme un maillon de la chaine de réussite dans l’enseignement supérieur pour les jeunes issus de milieux modestes et de territoires défavorisés. A cela une triple explication :
  • Les CPGE constituent une voie de réussite avérée par leur pluridisciplinarité, le suivi personnalisé des étudiants, des effectifs réduits et l’importance des moyens qui leur sont alloués. Selon les statistiques du MESR, 95 % de leurs étudiants obtiennent un diplôme universitaire à bac + 2 (et 93 % à bac plus trois ou plus).
  • Mais les CPGE sont insuffisamment ouvertes socialement avec une sur représentation relative des enfants de milieux socialement et intellectuellement favorisés – CSP plus, enseignants.
  • Se produit une double prise de conscience. D’une part les acteurs – publics, privés, enseignants, autres – sont persuadés qu’il faut augmenter la diversité sociale des CPGE. D’autre part, on sait qu’il y a des réserves, de bons élèves issus de milieux modestes et de territoires défavorisés qui ont par exemple leur bac avec mention et ne postulent même pas en CPGE, s’autocensurent, pensent que ce n’est pas pour eux[[Il y a environ 6400 élèves de PCS défavorisées qui obtiennent un bac général avec mention B et TB dont seulement 282 qui sont en CPGE ; pour les bacs technologiques, les chiffres sont de 2090 bacheliers avec mention dont 85 en CPGE. Il va de soi que les CPGE en sont pas et ne doivent surtout pas être le débouché unique de ces lycéens.]]
Les CPGE apparaissent donc logiquement comme un maillon important et sous exploité de la promotion d’étudiants méritants issus de milieux modestes. Accueillir ces nouveaux étudiants suppose de modifier les conditions, les pratiques, les discours aussi dans les CPGE et ce pour le plus grand bien de tous les étudiants. La reconnaissance du rôle important des CPGE, de leur efficacité et de leur rôle possible dans l’ouverture s’accompagne pour elles d’un certain nombre de devoirs et d’abord d’une volonté de décloisonnement. On remarquera par exemple que dans les cordées, les CPGE sont associées, à peu près à part égale soit à des grandes écoles – familiarité classique – soit à des universités. Ce dernier lien est logique puisque la sécurisation des parcours en CPGE et leur reconnaissance grâce à l’octroi d’ECTS conduit à des conventions avec les universités. Il est riche, car il peut contribuer à la réussite de ce qui est le défi global de l’enseignement supérieur tout entier : diversifier et faire réussir. Il bouscule utilement des préjugés qui n’ont pas lieu d’être et qui sont contre productifs. Il ouvre de nouveaux horizons. Cette reconnaissance de la place des CPGE crée aussi pour elles des obligations nouvelles. L’essentiel est de bien prendre en compte qu’il ne s’agit pas seulement de raisonner en terme d’établissement ou de filière, mais en se plaçant au-delà, dans la poursuite d’études supérieures réussies pour une intégration professionnelle elle aussi réussie. L’idée est donc bien que les CPGE trouveront dans l’ouverture et la diversification leur propre intérêt, un challenge stimulant, mais qu’elles doivent se tourner au-delà de leurs cercles habituels et réfléchir en interne aux pratiques, au discours, aux méthodes. L’ouverture et la diversification ne sont pas une fin en soi, elles sont aussi l’occasion d’évolutions utiles, indispensables, au système des CPGE dans son ensemble. Il faudra enfin continuer de réfléchir aussi aux concours, à ce qu’ils testent, ce qu’ils supposent, leurs biais éventuels. L’implication des CPGE dans les CDR se situe à trois niveaux :
  • En amont, vers les lycées et le secondaire : il s’agit d’informer, de convaincre.
  • Dans les CPGE : il faut assurer la réussite des nouveaux étudiants – mais aussi, par ricochet des autres. Il s’agit d’encadrer, de rassurer, d’ouvrir des perspectives.
  • En aval, vis-à-vis de l’enseignement supérieur, l’objectif est de faire connaître et d’ouvrir les choix de formation post-CPGE.

1. En amont : l’information vers de nouveaux publics, de nouvelles cibles.

Une CPGE incluse dans une « cordée » doit renforcer les actions de communication. Elles sont déjà une pratique courante, régulièrement menée par les établissements, par des équipes de professeurs. Elles doivent se diriger vers de nouvelles cibles, en privilégiant non seulement les lycées qui « fournissent » habituellement des candidats aux CPGE, mais aussi et surtout vers ceux qui n’en fournissent pas ou peu. Pour cela, il faut créer des liens directs, institutionnalisés avec ces autres lycées – visites croisées, réunions d’information, invitations à des évènements particuliers – venue d’un conférencier, spectacle…. Les élèves, dès la seconde, ne sont pas le seul public visé. Les chefs d’établissement ont un rôle important. Les enseignants ont un rôle majeur puisqu’ils sont des conseils, des prescripteurs essentiels, et cela est d’autant plus vrai que l’on a affaire à des élèves qui ignorent tout des CPGE et de l’enseignement supérieur. Ce travail d’information est mené conjointement par les équipes pédagogiques et de directions des lycées CPGE, celles des lycées cibles, avec les instances de l’éducation nationale, inspections académiques, rectorats. Il s’agit d’assurer un maillage territorial efficace, de faire vivre des réseaux cohérents. Il est ainsi important que dans ces démarches d’information, les intervenants de CPGE parlent globalement au nom des CPGE (tous établissements, toutes sections) et non pas seulement de leur propre établissement et leur propres options. L’information de ces lycéens prend plusieurs formes :
  • Des fiches présentant les différentes filières des CPGE – et pas seulement les filières présentes dans le lycée – de même que sont présentées aussi les autres voies de l’enseignement supérieur. Pour ce faire, il est utile de mutualiser des fiches, des supports de présentation power point, d’envisager de s’appuyer sur des sites existants (prépas.org) ou à créer. Il est question de disciplines, d’horaires, de programmes, d’acquis, de méthodes, de débouchés ….
  • L’information porte aussi sur la vie en CPGE, en évitant les clichés. Oui il y a du travail en CPGE, mais ce travail est la condition nécessaire et impérative pour réussir des études supérieures dans quelque filière que ce soit. Non ce travail n’est pas surhumain ou hors de portée des lycéens. Les CPGE offrent un encadrement qui peut être pesant pour les uns, efficace, utile ou indispensable pour d’autres. Elles ne sont pas fermées (avec la représentation classique de l’épée de Damoclès de deux années perdues en cas d’échec aux concours de 2ème année), mais ouvertes – ECTS, partenariats – ce qui permet des réorientations.
  • Elles offrent un maillage inégal, à améliorer encore mais relativement serré, proche. Il n’y a pas de « bonne prépa » dans l’absolu : toutes offrent un enseignement de qualité et le choix d’un établissement ne dépend pas des classements, mais de la personnalité de chaque étudiant : ses goûts, ses aptitudes, ses projets, le souhait qu’il a de rester au plus près de chez lui ou au contraire de prendre de la distance, des moyens financiers, du ressenti, de l’impression dégagée par tel ou tel lycée découvert à l’occasion de « portes ouvertes », de visites sur les lieux ou sur le site internet. Les équipes pédagogiques doivent présenter les prépas et les éléments de choix en fonction de l’intérêt du lycéen, pour qu’il réussisse au mieux ses études supérieures, et pas forcément dans leur lycée ou leur filière. Les différentes voies valorisent des intérêts et des qualités différentes. Le message doit être clair. Il y a des formes variées d’excellence et de réussite ; il n’y a pas que quelques lycées, quelques filières, quelques classes, quelques grandes écoles en dehors desquels toute réussite serait en réalité un échec, source de frustrations. Le discours du rien en dehors de « X, ESSEC, HEC, ENS » est mortifère. La nation a besoin de beaucoup plus de jeunes bien formés. Le succès à un concours à 20 ans ne doit pas constituer un passeport à vie pour les uns, un handicap perpétuel pour les autres : les personnalités changent, se révèlent, les talents sont divers et doivent être tous reconnus.
Cette information est bien sûr destinée aux élèves. Mais elle ne s’adresse pas seulement à eux. Il faut aussi convaincre les professeurs du secondaire. Souvent ils ont une vision déformée ou vieillie des CPGE, lesquelles ont, contrairement aux apparences, beaucoup évolué, entre autres avec l’arrivée croissante de nouvelles générations d’enseignants. Les professeurs du secondaire peuvent avoir de mauvais souvenirs de CPGE, ou au contraire en avoir une image tellement exigeante qu’ils n’encouragent pas leurs élèves à postuler, craignant qu’ils ne soient pas « au niveau » ou souffrent. C’est un long travail de patience, de persévérance que devront mener les équipes de CPGE. Il est important aussi d’actualiser la connaissance que les enseignants de lycée ont des nombreuses aides au financement des études en CPGE et en grandes écoles, en particulier dans les écoles aux frais de scolarité élevés comme les écoles de commerce. En effet, on entend trop souvent des enseignants déconseiller à des bons élèves de milieu modeste d’aller vers des école de commerce, sous prétexte que les parents ne pourront pas financer ces études. C’est ignorer le développement des moyens comme les bourses d’études (CROUS, mérite, fondations, bourses internes….), de l’apprentissage dans les grandes écoles en particulier en management où les études sont prises en charge par l’entreprise, des monitorats, des prêts d’honneur entre autres. Les parents d’élèves doivent aussi être une cible, moins attendue sans doute. Leurs ignorances, leurs craintes, leurs réticences vis-à-vis des CPGE ne sont pas moindres que celles de leurs enfants, au contraire. Il faut rassurer sur les débouchés, sur la réussite et l’intérêt d’études longues et sécuriser matériellement le parcours. Il faut prendre en compte les réticences et les craintes de voir s’éloigner un enfant, surtout pour les jeunes filles. On constate par ailleurs souvent que les liens entre les enfants et parents sont forts, que l’avis des parents compte, tout autant dans les milieux modestes que dans les milieux plus favorisés. Une fois en CPGE, il faut aussi informer, montrer les étapes, le fonctionnement du système, décoder les habitudes et les pratiques, par exemple présenter le référentiel de notation en CPGE et expliquer que de « mauvaises notes » ne sont pas synonymes de travail bâclé et d’insouciance. Ce travail d’information multi formes et multi cibles doit associer des étudiants en CPGE et des anciens, beaucoup plus audibles et crédibles vis-à-vis des jeunes. Il serait utile de collecter des expériences réussies – ou de comprendre aussi de moindres réussites ou considérées ou vécues comme telles – et de mutualiser bonnes pratiques, supports documentaires ou intervenants. Cette information peut, doit prendre des formes multiples : visites croisées dans les lycées avec et sans CPGE, journées de rencontre, d’informations, portes ouvertes, aides pour remplir efficacement les dossiers d’inscription dans le supérieur et les documents annexes qui les accompagnent parfois. Tout cela se pratique déjà plus ou moins : il s’agit de généraliser, de fédérer et surtout de faire l’effort de prospecter dans de nouveaux lieux. Avant la CPGE, des séminaires de pré-rentrée, qui préparent aux méthodes et à l’organisation du travail, à la gestion du stress, et permettent de rencontrer des étudiants et des enseignants de CPGE, sont du plus grand intérêt. Des modèles existent, proposant de bonnes pratiques, à généraliser en les adaptant au contexte et aux ressources locales.

En CPGE : faire réussir

Il est du devoir collectif des CPGE de faire réussir tous leurs étudiants – les efforts financiers consentis par la collectivité l’imposent – et d’accorder une attention particulière mais non exclusive et ségrégative à ces nouveaux étudiants. Cela suppose des actions dans trois domaines – matériel, académique, relationnel – avec pour maître mot l’ouverture. Sur le plan matériel :
  • L’obstacle financier est essentiel pour les jeunes issus de milieux modestes et il faut sécuriser le parcours au-delà des 2 ou 3 ans de CPGE. Il faut améliorer les procédures d’obtention des bourses et les délais du 1er versement, à l’instar de ce qui a été fait en Rhône-Alpes, multiplier les bourses d’excellence et les faire connaître (rectorats, état, soutiens privés,…). La question du financement couvre de nombreux aspects : frais d’études, d’hébergement, de transports, de concours, d’ouverture culturelle, de vie étudiante….
  • L’hébergement joue un rôle majeur. Il faut multiplier là aussi les internats dans les lycées, voire mettre en place des IPRES, passer des accords avec les CROUS, voire créer des nouveaux hébergements privés (récupération de bâtiments, par exemple militaires/gestion confiée à des entreprises de la restauration ?)
  • Il faut prévoir des aides pour « l’achat » de matériels (micro, livres, matériel spécialisé pour certaines filières). On pourra penser à structurer des foires aux livres (revente d’occasion), à des actions de mécénat sur du matériel informatique d’occasion…
  • La question du transport et de son financement sont essentiels, avant tout pour permettre des retours dans la famille importants pour l’équilibre, mais aussi pour faciliter l’accès aux sports et aux loisirs : cartes de réduction, abonnement (voir avec les collectivités territoriales, le CRIJ…).
  • Une aide pour trouver des stages, nécessaires à la fois pour financer les études, pour connaître et se faire connaître, une aide pour affiner les choix (entreprises partenaires /fondations / collectivités territoriales / associations) est également essentielle. Il en va aussi de la construction d’un réseau, ou de l’enrichissement d’un CV, précieux pour la suite.
  • Des aides pour les droits d’inscription (voire gratuité) aux concours, pour le paiement des frais universitaires sont indispensables.
  • La mobilisation de ressources matérielles et humaines dans les lycées (cf. fonds de solidarité à créer en CA des lycées) pour les étudiants des CPGE. Possibilité de mobiliser les ressources médicales et sociales des lycées (assistantes sociales) mais peut-être aussi des universités (assistantes du CROUS assurant une permanence ou des actions ponctuelles en CPGE ?).
Pour avancer sur toutes ces questions, sachant qu’il est impossible de transformer les professeurs et administratifs en VRP, on voit l’importance de mettre en place une structure nationale (type pôle ressources) et des cellules académiques et rectorales en lien avec les préfets de région, structures appuyées et nourries par les grandes écoles et universités qui sont plus avancées sur ces questions. On voit bien tout l’enjeu de jouer collectif en mutualisant les pratiques et les réflexions. Ouverture et diversification ne doivent pas être des éléments de promotion personnelle de tel ou tel lycée ou grande école, même si tout le monde doit y trouver son compte, bien sûr. Il s’agit avant tout de créer une dynamique… Sur le plan académique : Tout élève en classe préparatoire peut être confronté à des difficultés scolaires importantes, qui peuvent aller jusqu’à l’abandon. Ces difficultés sont avant tout liées aux limites de l’élève lui-même, dans son aptitude à assimiler des connaissances et des méthodes, à résister au stress, à résister physiquement aux efforts demandés. Néanmoins, l’origine sociale et territoriale de l’élève peut constituer une difficulté supplémentaire… Parmi les difficultés, il convient de citer :
  • la confiance en soi
  • la connaissance plus sommaire du fonctionnement des CPGE
  • la culture générale au sens large
  • la maîtrise de l’anglais
  • le niveau d’entrée : le lycée a pour objectif la réussite au baccalauréat mais aussi la préparation aux études supérieures. Dans certains lycées – rarement ceux des territoires défavorisés -, dans certaines classes, on insiste particulièrement sur la préparation aux CPGE, à leurs méthodes, à des points de programmes périphériques dans l’optique du bac, mais utiles en CPGE. On conçoit que les élèves qui n’ont pas été préparés dans ces classes puissent se sentir déstabilisés lorsqu’ils se retrouvent en CPGE avec des camarades davantage préparés.
…mais paradoxalement aussi, des atouts : Ainsi, les jeunes de milieu modeste sont nombreux à trouver une force et une motivation à y arriver particulière dans l’envie qu’ils ont de ne pas échouer, de dépasser leur condition et de ne pas décevoir leurs parents. Concrètement, on voit tout l’intérêt de mettre en place des aides pour :
  • Améliorer l’organisation du travail : horaires, planning, temps de repos et de loisirs indispensable, apprendre à se connaître, dynamique de groupe…)
  • Améliorer l’efficacité et les méthodes de travail : expression écrite, orale, prise de note rapide et efficace, lecture rapide,… rédaction de CV plus tard
  • Apporter du soutien scolaire : reprise et approfondissement du cours, compléments (repères, débats de société ou historiographique ou scientifiques).
  • Développer l’ouverture culturelle : rencontres, conférences, visites…
  • Rattraper le niveau de maîtrise de l’anglais attendu
Ces différentes aides peuvent être apportées par :
  • des tuteurs étudiants (les anciens de la prépa, des étudiants de grandes écoles ou universités partenaires, surtout dans d’éventuelles filières « enseignement »).
  • des enseignants à la retraite
  • des enseignants volontaires du secondaire (dont ceux des lycées partenaires, déjà souvent utilement associés pour les « colles »)
  • des associations : Cf Tremplin
  • des universitaires : séances à la fac de mise au point scientifique, aide pour TIPE, « colles », conférences.
  • des heures de tutorat assurées par les enseignants de la prépa elle-même, ce qui se pratique dans de nombreuses CPGE littéraires
  • le recours à des aides extérieures que l’on peut imaginer, notamment pour l’anglais : labo de langues, organisation de séjours,…
Il est important de diversifier les intervenants aussi, tant en termes de personnes que de profils (exemple : rôle des anciens étudiants). Sur cette question aussi, on voit toute la nécessité d’organiser les actions, là encore en incluant les différents niveaux :
  • niveau local : établissement, ville ou agglomération, inspection d’académie et rectorat
  • niveau national : mise en commun des ressources et des bonnes pratiques
Sur le plan individuel : Une aide personnalisée s’impose pour les nouveaux publics en prépas, pour sécuriser le court terme, mais aussi la suite :
  • Sur le court terme, il s’agit de permettre à l’étudiant de bien vivre sa CPGE et d’y réussir. Pour cela, il a besoin à la fois :
    • d’écoute (professeurs / tuteurs : décodage de la CPGE),
    • de conseils, d’aide en cas de difficultés plus grande (recours à un psychologue ou une assistante sociale si nécessaire)
    • de favoriser le travail en groupe (cf. TIPE, cf. travaux de recherche là où pas de TIPE, soutenances collectives…)
  • Pour la suite, l’aide individuelle vise à préparer l’avenir, tant immédiat (concours, choix d’écoles ou de filières universitaires) qu’à terme (filières, métiers, stages, connaissance du monde des entreprises,…).
Toutes ces opérations se heurtent à deux obstacles majeurs.
  • Celui du temps et des compétences : ni les étudiants en CPGE, ni les enseignants, ni les personnels administratifs des lycées et des CROUS n’ont beaucoup de temps, d’où l’idée de mutualisation sans doute à deux niveaux, national et rectoral. Cela suppose impérativement une claire identification des objectifs, des méthodes, des moyens, donc effectivement un label clairement établi. Cela implique aussi de définir des volumes horaires de soutien qui soient compatibles à la fois avec les obligations des étudiants des CPGE et avec les celles des tuteurs. La solution de regrouper les actions à des dates privilégiées (ce qui n’empêche pas un système de rendez vous régulier, de permanences hebdomadaires ou bi mensuelles selon les types et les besoins) – avant la rentrée, à la faveur de petites vacances, en fin d’année scolaire est sans doute une solution à fouiller et privilégier, en prenant soin de ne pas multiplier la charge d’étudiants qui ont aussi un grand besoin de repos et de détente. Il est clair aussi qu’il y a des différences à prendre en compte. La première année n’est pas comparable à la seconde – les besoins sont sans doute plus forts et une certaine souplesse reste possible dans les emplois du temps. Les conditions différent selon les filières, à la fois le type de travail, les débouchés, les manques…
  • Celui du public visé. On ne peut mettre en difficulté les étudiants issus des milieux modestes et des territoires fragiles en leur réservant toutes les aides – au-delà des aides matérielles liées à leurs difficultés financières – et donner ainsi l’image d’une discrimination positive qui serait perçue ou qui aurait pour résultat de fausser les conditions de réussite. Dans les lycées à CPGE déjà engagés dans des opérations de soutien de ce type, les équipes remarquent que les étudiants suivis ne veulent pas être repérés, aspirant à être traités comme tous les autres et être considérés comme tels par leurs camarades ; les équipes craignent aussi, ce qui ne s’est pas encore manifesté, des contestations au moment des décisions d’orientation – passage de première à seconde année, autorisation de « cuber » ou de choisir telle ou telle filière : des étudiants qui ne bénéficient pas de mesures particulières de soutien pourraient se sentir lésés et contester les décisions du Conseil d’évaluation. A l’évidence, il faut faire en sorte que les mesures d’accompagnement personnel et de tutorat puissent être ouvertes au-delà des étudiants ciblés : par exemple prévoir des créneaux pour des séances de tutorat offertes à tous, en fonction des besoins. Les opérations culturelles, les séances d’informations sur les carrières… sont des occasions privilégiées de s’adresser à tous les étudiants. On peut imaginer de s’appuyer sur une structure particulière, celle d’Internats Pédagogiques de Réussite dans l’Enseignement Supérieur, ouverts sur critères sociaux et de mérite et offrant des services d’accompagnement regroupés, à disposition de tous les internes, quelle que soit leur filière et leur origine. Cela suppose de trouver des porteurs de projets – pour trouver des locaux, assurer le fonctionnement, les aides et tutorat…Il est évident que, comme toujours, il n’y a pas de solution unique, miracle, mais qu’il faut agir avec souplesse, pragmatisme et volontarisme en fonction des situations locales – besoins, ressources, engagements.

En aval des CPGE. Ouverture et souplesse.

C’est un domaine encore peu exploré, mais une évolution est rendue nécessaire par la validation en ECTS des enseignements de CPGE et la signature de conventions avec les universités. Des grandes écoles se sont désormais liées à des CPGE, ce qui ouvre la voie à de coopérations très fructueuses qui concernent à la fois les étudiants et les enseignants. Vis-à-vis des étudiants, l’université et les grandes écoles peuvent offrir de solides appuis académiques : expériences dans les laboratoires ou avec le soutien des enseignants chercheurs, tutorat disciplinaires, séances de mise au point sur des questions spécifiques, « colles », conférences de haut niveau, visite d’écoles et de laboratoires, participation éventuelles à des stages organisés pour les étudiants, informations sur les métiers, carrières et débouchés, ouverture internationale, aides matérielles aussi. Dans les trois domaines identifiés en CPGE – financier, académique et aide personnalisée, les établissements d’enseignement supérieur peuvent jouer un rôle, chacun avec ses spécificités, ses points forts, particulièrement la recherche pour les universités, la connaissance des entreprises et du monde du travail pour les grandes écoles, sans que l’on s’en tienne à une vision caricaturale et dépassée de ces deux entités. On peut même imaginer que les CPGE soient l’occasion de rencontres fécondes entre universités et grandes écoles, un apport périphérique non négligeable. Au delà des apports scientifiques, la rencontre entre les tuteurs et les enseignants des universités ou grandes écoles et des étudiants de CPGE qui ont une idée floue et souvent fausse des universités et grandes écoles, est source très importante d’enrichissement et d’ouverture. Ces rencontres peuvent ainsi servir à mettre en perspective ce qui se fait en CPGE – une formation initiale, prélude à d’autres études – et de relativiser, voire de dédramatiser les péripéties de la vie en CPGE, l’importance disproportionnée donnée parfois aux résultats, aux choix de filières et de concours. Vis-à-vis des enseignants, des échanges sont sources de richesse et ce sans doute dans les deux sens. A minima, les rencontres permettant la connaissance et la compréhension par les enseignants de CPGE de ce qui se fait dans les écoles ou l’université sont très utiles, ne seraitce que pour conseiller utilement les étudiants. Les professeurs de l’aval sont aussi de très bons observateurs des qualités et défauts des étudiants venus de CPGE : des échanges peuvent être l’occasion d’améliorer encore l’efficacité des CPGE. Du point de vue scientifique, académique, l’intervention d’enseignants chercheurs en CPGE est une grande richesse. On peut imaginer aussi des échanges dans l’autre sens : des CPGE vers l’université et les grandes écoles avec participation de professeurs de CPGE aux travaux de recherche et/ou à la formation générale des étudiants par exemple. Si l’on voit bien les profits réciproques possibles, on perçoit aussi que l’on se heurte très vite à des questions de fond sur le statut des professeurs de CPGE, leur place éventuelle et leur reconnaissance dans le système université/grandes écoles. On peut imaginer des services partagés, des passages ou des allers retours entre les deux systèmes, mais les questions sont très sensibles, politiques et en dehors du champ immédiat de cette note. L’ouverture et la connaissance réciproque entre CPGE et université/grandes écoles sont une richesse évidente. La mise en place des « cordées de la réussite » impose de formaliser des relations qui ne peuvent être que bénéfiques au système et d’abord aux étudiants. On peut imaginer des opérations simples qui manifestent cette volonté, avant de se pencher sur des questions plus complexes : Portes ouvertes dans les GE et Universités, stages et conférences, tutorat, « colles », conférences… la liste est simple à établir et déjà riche de promesses, à moduler selon les contextes locaux. Toujours en aval des CPGE, la mise en place d’un suivi des parcours pour les jeunes filles et garçons accompagnés depuis le collège ou le lycée, permettrait de constituer un réservoir d’expérience, de parcours à solliciter en cas de besoin. Au-delà, une ouverture et une diversification réussies supposent non seulement l’entrée et le succès en CPGE, mais une insertion professionnelle et une carrière réussies, ce qui doit pouvoir se mesurer. Dans ces domaines, on peut espérer la mise en place de forums et de listes de diffusion, au niveau des lycées mais aussi peut-être au-delà, pour assurer suivi et liaisons.

Evaluer et labelliser ?

Le partage d’expériences et de moyens, la nécessité de penser les opérations au-delà des classes et des lycées et de les faire reconnaître comme un dispositif national maillant le territoire, tout cela conduit à imaginer un label « Cordée de la réussite » et donc des conditions d’accès et des indicateurs. Les lignes qui précèdent doivent permettre d’établir assez vite un tableau des actions en amont, en aval et dans les CPGE qui permettraient à un lycée avec CPGE d’être inclus dans une des « cordées de la réussite », d’obtenir et de conserver ce label. La conformité de la cordée est facile à établir : types d’établissements, conventions ou accords passés entre eux, reconnaissance nationale et rectorale, désignation à chaque échelon de correspondants et suivi par un chef des projets au niveau académique et/ou national, liaisons avec les autres acteurs – Municipalités, Région, associations, entreprises. Tout cela suppose aussi des aménagements techniques, par exemple des décharges partielles de services pour des professeurs, des CPE … et autres personnels qui prendraient en charge la nécessaire et prenante coordination au sein des établissements et/ou de regroupements par communes – une piste à envisager sans doute. Pour le pilotage et le suivi dans le temps des cordées, la mesure de l’efficacité de leur fonctionnement, il est nécessaire mettre en place un certain nombre d’indicateurs qui porteront sur la composition sociale des classes, les réussites universitaires et dans les concours, le taux d’abandon, et qui prendront en compte l’évolution de ces critères sur six ans.

Documents joints