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Introduction

Cet article est une étude commentée des données chiffrées contenues dans les 5 derniers
rapports des concours ESCP et ESCP-EAP. Le contenu est en grande partie une version écrite
de ce qui a déjà été présenté le 5 décembre 2001 lors de la « journée des proviseurs » organisée
par l’ESCP.

Il est très important de noter dès à présent que les données chiffrées sont très faciles à comparer
selon les années et les filières, mais que leur interprétation est une chose beaucoup plus délicate
tant les causes intervenant dans les effets peuvent être multiples. Aussi, la plupart du temps, nous
nous contenterons de faire des constats plus que des interprétations. Enfin, toutes les
comparaisons qui seront faites ici le seront sans aucune animosité ni préjugé envers l’une ou
l’autre des filières ou des matières. L’objectif principal de cet étude est de mieux cerner la
mécanique complexe qu’est un concours d’entrée à une école de commerce.

Toutes les données présentées ici sont issues des rapports du concours ESCP-EAP des années
1997, 1998, 1999, 2000 et 2001. Certaines données ne sont pas présentes explicitement dans les
rapports, mais ont été calculées à l’aide du contenu des rapports.

L’étude porte uniquement sur les épreuves écrites et sur les résultats d’admissibilité : je pense que
des résultats ou enseignements significatifs peuvent en être dégagés, sans que la prise en compte
des épreuves orales renverse totalement les conclusions. De plus, les épreuves écrites sont
passées dans des conditions semblables par l’ensemble des candidats, ce qui rend les
comparaisons plus légitimes.

Une vision globale du concours

Un concours n’est pas figé, inerte, et le concours ESCP et ESCP-EAP que l’on va étudier ici a
beaucoup évolué sur les 5 dernières années. Les évolutions sont nombreuses :

  • Evolution du nombre de places offertes
  • Evolution du nombre de candidats dans chaque filière (avec une émergence non négligeable
    de la filière L)
  • Evolution des taux de réussite dans chaque filière.
  • Evolution du niveau des candidats (notion très délicate à mesurer, car cela doit être fait
    indépendamment de la difficulté du sujet proposé)
  • Evolution de la population des candidats à l’intérieur d’une filière (problème récurrent des
    bacheliers S en option E, effet de mode qui rend la filière plus ou moins attractive, etc)

Bref, tout ceci montre bien que même si l’on se prend au jeu des comparaisons de moyennes, de
pourcentages ou autres, l’interprétation des résultats est une aventure très difficile, voire risquée,
tellement les causes peuvent être nombreuses et imbriquées. Je pense avoir suffisamment insisté
là dessus pour ne plus y revenir par la suite.

Sur les 5 dernières années, le concours ESCP a évolué dans son offre et son attractivité, comme
le montrent les tableaux suivants :

Candidats

Année 1997 1998 1999 2000 2001
Places concours 295 300 300 355 355
Candidats 3456 3983 4269 4348 4267
E 1174 (34,0%) 1413 (35,5%) 1509 (35,3%) 1453 (33,4%) 1434 (33,6%)
S 2140 (61,9%) 2380 (59,8%) 2510 (58,8%) 2637 (60,6%) 2603 (61,0%)
T 16 (0,5%) 26 (0,7%) 29 (0,7%) 20 (0,5%) 22 (0,5%)
L 122 (3,5%) 164 (4,1%) 221 (5,2%) 238 (5,5%) 218 (5,1%)

Le nombre de place est passé à 355 pour le concours 2000 suite à la fusion ESCP et EAP. Le
nombre total de candidats a globalement augmenté nettement, même si une légère décrue apparaît
en 2001 (et ceci dans presque toutes les options). Les années 1998 et 1999 ont été marquées par
une forte hausse du nombre de candidats.

Admissibles

Année 1997 1998 1999 2000 2001
Admissibles 1159 1173 1206 1360 1359
E 307 (26,5%) 355 (30,3%) 371 (30,8%) 395 (29,0%) 434 (31,9%)
S 818 (70,6%) 771 (65,7%) 783 (64,9%) 888 (65,3%) 856 (63,0%)
T 1 (0,1%) 0 1 (0,1%) 3 (0,2%) 0
L 33 (2,8%) 47 (4,0%) 51 (4,2%) 74 (5,4%) 69 (5,1%)

Taux de réussite

Année 1997 1998 1999 2000 2001
E 26,1% 25,1% 24,6% 27,2% 30,3%
S 38,2% 32,4% 31,2% 33,7% 32,9%
T 6,3% 0,0% 3,4% 15,0% 0,0%
L AL/BL 36,4% 30,1% 20,9% 21,1% 35,1%
L F SC 16,4% 28,2% 27,6% 42,1% 29,0%
L Total 27,0% 28,7% 23,1% 31,1% 31,7%
Total 33,5% 29,5% 28,3% 31,3% 31,8%

Taux de réussite = pourcentage d’admissibles par rapport au nombre de candidats

Quelles remarques peut-on faire devant cette avalanche de chiffres ?

  • Dans la filière E, le nombre de candidat a augmenté jusqu’en 1999, puis a diminué. Le
    nombre d’admissibles a constamment augmenté en, et a globalement progressé en
    pourcentage.
  • Dans la filière S, le nombre de candidats a augmenté jusqu’en 2000 pour connaître en 2001
    une faible diminution. Le nombre d’admissibles a connu des hauts et des bas, et a
    globalement baissé en pourcentage.
  • La filière technologique reste très marginale, et de ce fait, le nombre d’admissibles dépend
    très fortement du profil des élèves : il n’y a pas d' »effet de masse » qui lisse les résultats d’une
    année sur l’autre.
  • La filière L s’est développée, doublant à peu près le nombre de candidats, et arrivant à un peu

plus de 5% des admissibles. Rappelons cependant qu’il y a environ 4000 élèves en Khâgne,
et donc que la proportion des élèves passant les concours d’écoles de commerces reste faible
(il était à zéro il n’y a pas si longtemps, l’évolution future est à surveiller)

Les matières communes

Les matières communes à toutes les options E+S+T+L

Dans la mesure où des candidats d’options différentes passent une même épreuve, sur un même
sujet et sont corrigés anonymement (sans que l’option soit connue) selon un même barème, on
peut penser que la comparaison des moyennes d’une série à l’autre peut avoir un sens. Il faut
cependant conserver en mémoire, pour relativiser les comparaisons, le fait que la population des
candidats a pu évoluer pendant cette période, que les sujets ont pu être plus discriminants pour
une option ou l’autre.

LV1

Année Moyenne E Moyenne S Moyenne T Moyenne L
1997 8,23 9,45 4,83 9,34
1998 9,35 10,37 6,36 10,83
1999 9,14 10,24 6,02 10,79
2000 9,24 10,26 6,49 10,43
2001 9,23 10,18 5,71 10,23

On constate que les candidats issus de la filière E ont en général au moins 1 point de moyenne
en moins que ceux issus de la filière S, et ceci sur l’ensemble des 5 années étudiées. Les
candidats de la filière L ont des résultats encore supérieurs (sauf en 1997 où l’épreuve (QCM)
leur était défavorable), mais l’écart vis à vis des S tend à diminuer. Cette tendance est peut-être
due à une évolution de la population des candidats L qui est en forte progression. De même, les
résultats des candidats de l’option T sont nettement inférieurs à ceux des autres (environ 3 points
en dessous de l’option S) et plus irréguliers. Là encore, l’irrégularité de la moyenne provient sans
doute en partie du faible nombre de candidats, ce qui fait que la population a tendance à ne pas
être homogène d’une année à l’autre.

LV2

Année Moyenne E Moyenne S Moyenne T Moyenne L
1997 9,25 10,26 6,51 8,25
1998 9,40 10,16 5,06 8,96
1999 9,83 10,70 7,32 8,93
2000 9,61 10,37 6,33 8,72
2001 9,76 10,42 6,57 8,85

Le constat est sensiblement le même : au moins 0,7 point de moyenne en moins pour les E par
rapports aux S, en général 3 points en moins pour les T par rapports aux E. Par contre, les élèves
de la filière L qui sont « en tête » en LV1, ont environ 0,9 points de moyenne en moins en
comparaison aux E. Cela doit vraisemblablement tenir en l’horaire en LV2 en Khâgne moins
important qu’en prépa EC, voire inexistant.

Synthèse

Année Moyenne E Moyenne S Moyenne T Moyenne L
1997 9,05 9,70 5,27 9,46
1998 9,33 9,45 6,54 10,12
1999 9,63 10,09 7,27 9,96
2000 9,62 9,94 8,00 10,78
2001 10,12 10,42 8,29 9,83

Parmi les épreuves communes, la synthèse de texte semble être la plus atypique : les S et les L
occupent la première place du palmarès en alternance, avec des écarts de moyennes importants.
La moyenne qu’ont obtenu les E sur les trois dernières années est d’environ 0,3 point inférieure à
celle des S, même si la tendance est à l’augmentation que ce soit chez les E ou les S. Mais le plus
surprenant vient de l’option T où la moyenne de l’épreuve est en hausse forte sur l’ensemble des
5 années. La hausse est une tendance commune, mais en 5 ans, le retard des T est passé de 4 à 2
points de moyenne. Le niveau des candidats issus de la filière T a pu évoluer à la hausse sur cette
période, ce qui n’est qu’à moitié confirmé par l’évolution des notes dans les autres épreuves
communes (tendance plus légère à la hausse en LV1 et LV2, stagnation en dissertation, cf plus
bas).

La dissertation E+S+T

Dissertation

Année Moyenne E Moyenne S Moyenne T
1997 7,38 7,77 5,03
1998 7,36 7,66 4,28
1999 7,44 7,80 4,48
2000 7,69 7,77 4,95
2001 7,88 7,90 4,86

La moyenne des S est restée remarquablement stable sur les 5 années. L’écart entre les E et les S
est en diminution pour arriver à une actuelle parité dans la notation. Les candidats de l’option T
restent cependant nettement en moyenne en deçà des autres options, avec plus de 3 points de
retard.

Signalons enfin que bien que cette épreuve soit commune pour trois options, elle n’a pas la même
importance dans chacune des options : elle est coefficientée 5 en option E, contre 4 pour les
options S et T.

Bilan des épreuves communes

Le principal enseignement que l’on peut dégager de cette première analyse est qu’il est très net
que les épreuves communes « plombent » les résultats des candidats de l’option T. Bien que la
moyenne dans l’épreuve de synthèse soit en augmentation dans cette option T, les quatre matières
communes font perdre de nombreux points en moyenne à ces candidats, alors que les matières
spécifiques affichent des moyennes comparables aux moyennes des matières spécifiques des
autres options (voir tableau en annexe). On comprend alors que les candidats admissibles de
l’option T sont plus le fait d’individualités que d’un effet de « masse », si l’on peut qualifier ainsi le
faible nombre de candidats.

Une curiosité dans le concours L

Le concours option L (candidats issus des Khâgnes) est très particulier : si tous les candidats,
subissent le même type d’épreuve (dissertation de philosophie, dissertation de littérature,
dissertation d’histoire, une épreuve optionnelle) avec à chaque fois les mêmes coefficients, les
sujets ne sont pas les mêmes pour les élèves des Khâgnes Fontenay – St Cloud et pour ceux des
autres Khâgnes (AL et BL), et par conséquent les barèmes sont totalement indépendants les uns
des autres.

Khâgnes AL et BL

Année Philosophie Littérature Histoire Candidats Admissibles
1997 8,43 8,70 8,62 66 24
1998 8,28 8,98 7,98 83 25
1999 7,17 8,41 6,63 91 19
2000 6,54 8,37 9,09 109 23
2001 9,58 8,34 9,72 94 33

Khâgnes Fontenay – St Cloud

Année Philosophie Littérature Histoire Candidats Admissibles
1997 9,65 6,17 6,98 55 9
1998 9,36 9,03 7,36 78 22
1999 10,82 9,03 5,67 116 32
2000 11,30 9,68 8,32 121 51
2001 10,44 10,19 8,48 124 36

Avec cette mise en parallèle, il saute vite aux yeux deux évolutions totalement différentes des
moyennes des épreuves selon les option Fontenay et AL/BL. S’il y a toujours eu un relatif
parallélisme des notes en histoire (mais toujours en défaveur des candidats Fontenay), les
épreuves de philosophie et de littérature ont donné des trajets totalement différents. Des écarts de
moyenne très importants sont à noter, en particulier en philosophie, avec un point culminant lors
du concours 2000. Cette année là, les option AL/BL ont eu en moyenne 4,76 points en moins en
philosophie, 1,31 points en moins en littérature et 0,77 points en plus en histoire.

Le nombre de candidats en provenance des Khâgnes AL/BL et Fontenay St-Cloud a
sensiblement doublé entre 1997 et 2000, alors que sur la même période, le nombre d’admissibles
est resté quasiment stable en option AL/BL, et a été multiplié par plus de 5 dans l’option
Fontenay. Cela se lit bien sur les taux de réussite des deux options (voir tableau plus haut) qui
était en 2000 de 21% pour l’option A/B, et de 42% pour l’option Fontenay, (respectivement
36,4% et 16,4% en 1997).

L’année 2001 fournit des résultats qui semblent plus normaux, l’écart entre les deux option
s’étant réduit. L’augmentation de 3 points de moyenne des dissertations de philosophie AL/BL
est commentée par une phrase dans le rapport 2001 : « Le sujet était moins difficile que celui de
l’an dernier (la mesure), ce qui peut expliquer la hausse de plus de trois points de la moyenne
« .
Quel conclusion tirer de cette explication ? Une génération de candidats aurait-elle été victime
d’un (ou plusieurs) mauvais choix de sujets, sans compensation par un barème adapté (que ce
soit en philosophie ou dans les autres matières) ? Est ce de la langue de bois ?

Comparaison des options E et S

Moyennes générales dans les deux options

Le tableau ci dessous regroupe les moyennes des candidats des options E et S, moyennes
pondérées pour les matières communes, les matières spécifiques et les moyennes générales.
Remarquons au passage que les matières communes n’ont pas la même importance dans chacune
des deux filières.

Année Matière commune (Coeff E : 16) Matière commune (Coeff S : 15) Matières spécifiques (Coeff E : 14) Matières spécifiques (Coeff S : 15) Total E Total S
1997 8,31 9,21 7,44 8,54 8,15 8,88
1998 8,73 9,42 7,89 8,65 8,60 9,03
1999 8,83 9,65 8,22 8,88 8,82 9,27
2000 8,90 9,55 8,45 9,20 8,97 9,38
2001 9,07 9,67 8,82 8,99 9,25 9,33

L’écart des notes moyenne a diminué entre les deux filières au cours des années. Les élèves de
option E ont rattrapé une partie du retard dans les matières communes.

Les matières spécifiques ont eu en moyenne des variations plus brusques. L’écart était de 1,10
points en 1997, puis a eu trois années entre 0,67 et 0,76, pour finir en 2001 à 0,16 point de
différence. Au total, l’écart entre les notes moyennes dans chaque filières a nettement diminué, étant passé de
0,73 en 1998 à 0,08 en 2001, après trois années autour de 0,40.

Ces évolutions de moyenne sont bien sûr à mettre en parallèle avec l’évolution des pourcentages
d’admissibles dans les deux filières, et les taux de réussite : la proportion d’admissibles en
provenance de E a globalement augmentée depuis 1997, celle des admissibles en provenance de
S ayant globalement diminué dans le même temps. Les taux de réussite ont beaucoup évolué l’un
par rapport à l’autre, la tendance étant au rapprochement des deux taux
[[L’explication est mécanique : les histogrammes des notes moyennes dans les deux options se résume par une
courbe de Gauss (courbe en cloche). Si les courbes sont décalées (la courbe E plus à gauche que celle des S
puisque les moyennes sont inférieures), la proportion d’admissible parmi les E sera inférieure à la proportion
d’admissible parmi les S. Ces proportions auront tendance à se rapprocher l’une de l’autre si les courbes se
rejoignent, c’est à dire si l’écart entre les moyennes diminue.]].

Comment expliquer ces évolutions différentes ? Les raisons peuvent être multiples. Par exemple,
et ceci est inspiré des variation des moyennes dans les matières communes, les populations
peuvent avoir eu des évolutions différentes. L’effet de masse a pu être plus important dans la
filière S (l’augmentation du nombre de candidats étant du à des candidats de plus faible niveau
relatif), alors que la filière E a présenté des meilleurs candidats
[[On peut imaginer que la sélection S/ES en première a changé de nature, mais il se peut aussi que le
« détournement » de la filière E par des bacheliers S ait changé d’échelle.]] au fil des années. Ce ne sont là
bien sûr que des hypothèses non vérifiées.

L’évolution des notes dans les matières spécifiques est plus délicate à interpréter en terme de
niveau des candidats, justement parce que les matières ne sont pas comparables. Malgré tout, les
moyennes de ces matières servent à situer les candidats dans le classement final. Etudions donc
cela de plus près.

Passons à la loupe les matières spécifiques

Les épreuves spécifiques peuvent être mises en parallèle : une dissertation (AEH et Histoire-
Géographie) et deux épreuves de mathématiques. L’une des épreuves de mathématiques
(l’épreuve de math 2) a été pendant longtemps commune aux deux options (d’où l’appellation
commune), puis très largement inspirée du sujet de l’option scientifique.

Année Math-2 (E-3) Math-2 (S-4) Math-3 (E-4) Math-1 (S-6) AEH (E-7) Hist-géo (S-5)
1997 6,16 8,93 6,51 7,90 9,58 9,00
1998 7,19 8,89 6,47 8,04 10,13 9,18
1999 8,33 8,90 7,15 8,72 9,95 9,06
2000 8,94 9,66 7,02 8,78 10,27 9,34
2001 9,01 9,70 7,55 8,25 10,73 9,30

(Dans le tableau ci-dessus sont rappelés les voies et coefficients de chaque épreuve. Par exemple, E-3 signifie voie E et coefficient 3)

A la lecture de ce tableau, on remarque tout de suite des différences entre les deux options :

  • Environ 3 points de moyenne gagnés dans l’épreuve de math 2 dans l’option E (gain réparti
    sur l’ensemble des 5 années), contre moins de 1 pour les S (gain réalisé lors du concours
    2000)
  • 1 point de moyenne gagné dans l’épreuve de math 3 en option E (gain réalisé en 1999 et
    2001), à comparer à l’option S ayant eu un gain très net en 1999, maintenu en 2000, mais
    avec un recul d’un demi point en 2001
  • Très grande stabilité des moyennes en Histoire-géographie (option S) avec une amplitude de
    0,34 points alors que la moyenne de l’épreuve d’A.E.H. connaît des variations plus
    importantes (amplitude de plus d’un point)

On peut donc penser que le « moteur » de la progression des options E dans les matières
spécifiques est l’épreuve de math 2, les autres matières ayant eu des variations plus ponctuelles
(2000 pour l’épreuve de math 2 S, 1999 et 2001 pour math 3 E, 1999 et 2001 pour math 1 S par
exemple)

Pourquoi une telle évolution pour l’épreuve de math 2 E ? Pendant longtemps pour cette épreuve,
les candidats de l’option E étaient comparés aux candidats de l’option S (le barème pouvant être
commun en partie). Cette tendance à la comparaison a disparu au fur et à mesure des années,
avec l’élaboration d’un barème plus personnalisé à l’option, pour disparaître totalement en 2000 et
2001 (sujets sans aucun rapport l’un avec l’autre). Une plus grande attention a été portée envers
les candidats E, d’abord par l’établissement d’un barème plus adapté, puis par des sujets
spécifiques. De ce fait, les candidats E ont été jugés non pas par rapport aux élèves de S, mais
par rapport à leur propre programme, ce qui fait qu’un bon élève en math option E, qui pouvait
passer comme moyen en comparaison aux élèves de S, a pu être mieux mis en valeur, grâce à la
fois au sujet et au barème.

Conclusions

L’harmonisation des moyennes d’une épreuve à l’autre, et surtout d’une option à l’autre, est des
plus délicates, car elle détermine par la suite les pourcentages d’admissible des différentes
options. L’exemple de la filière L, comme des filières E et S, montre bien la difficulté pour un
jury à garantir une équité optimale dans un concours sans quota recrutant sur plusieurs filières
très différentes.

En effet, deux élèves, pour peu qu’il n’aient pas les mêmes langues, peuvent avoir en épreuve
commune que la synthèse (coefficient 3 sur 30), et seront quand même classés et comparés entre
eux dans le classement final commun. Plus concrètement, pour recruter les meilleurs élèves, le
concours doit pouvoir déterminer si un élève issu de l’option L est meilleur ou non dans les
matières littéraires que ne l’est un élève de S en math, par exemple.

De plus, l’exemple de l’épreuve de math 2 option E montre qu’en évaluant les candidats sur leurs
compétences, et non pas sur leur niveau vis à vis d’autres candidats mieux formés, le taux
d’admissibilité pouvait être modifié. C’est peu être ce qui manque aux élèves de l’option T qui
sont comparés dans les matières communes à des élèves des filières E, S ou L alors qu’il
paraîtrait plus juste de les juger sur leur compétences propres
[[Rappelons que l’option T était depuis bien longtemps en 2 ans, pour qu’il y ait une année de rattrapage.
Cette année de rattrapage n’existe désormais plus.]].

Dans un article précédent (notations et coefficients), on avait vu qu’à l’intérieur d’une option,
l’écart type, qui mesure en gros la plus ou moins grande répartition des notes entre 0 et 20, peut
influencer a posteriori l’importance relative d’une matière en terme de coefficients. Isabelle
WAQUET, quant à elle, a mené une étude montrant parfois le peu de logique de la part de
certaines écoles dans le choix des coefficients et/ou des banques d’épreuves.

Ici, dans le cadre d’un concours sans quota, on peut observer sur une période de 5 ans des
évolutions dans les notes attribuées, dans la réussite des candidats des différentes options, des
curiosités (pour ne pas dire anomalie) dans certaines matières. Toutes ces évolutions peuvent
avoir plusieurs causes « extérieures » (évolution de la population des candidats, évolution du
niveau, …) et « intérieures » (changement de la nature des épreuves
[[La disparition du QCM en langue a certainement été profitable aux option L qui n’étaient absolument pas
préparés à ce type d’épreuve]], sujet et barème plus ou moins
efficaces, …)

Même si l’interprétation peut parfois être extrêmement délicate, ce genre d’observation permet
cependant une surveillance d’un concours dans sa globalité, et surtout permet de déceler certains
effet à moyen terme, pas forcément maîtrisé par les responsables des épreuves et des concours.
Les écoles de commerce ont fait le choix d’un recrutement par concours sans quota, ce qui peut
se comprendre. Mais en faisant ce choix, elles se mettent d’office dans une situation où la
vigilance doit être décuplé, où le soucis d’intégrité et de justice doit être encore plus présent dans
l’esprit des membres du jury. L’APHEC contribue, dans la mesure de ses possibilités et de ses
moyens, à essayer de rendre les concours plus justes encore, d’année en année.

Roland Roussillon


Annexe : les moyennes par filières

Lorsque les écart types des épreuves communes ne sont pas connus pour la filière seule. Dans
ce cas, les écart types pour l’ensemble des candidats sont reportés dans l’épreuve correspondante
dans la filière S, celle qui a le plus gros effectif.

Option E

Coefficients

Math 2 Math 3 Dissert. Synthèse A.E.H. LV1 LV2
3 4 5 3 7 5 3

Moyennes (écarts types)

Année Math 2 Math 3 Dissert. Synthèse A.E.H. LV1 LV2
97 6,16 (3,75) 6,51 (3,65) 7,38 9,05 9,58 (3,27) 8,23 9,25
98 7,19 (3,64) 6,47 (3,43) 7,36 9,33 10,13 (3,35) 9,35 9,40
99 8,33 (4,95) 7,15 (4,32) 7,44 9,63 9,95 (3,29) 9,14 9,83
00 8,94 (4,37) 7,02 (4,54) 7,69 9,62 10,27 (3,22) 9,24 9,61
01 9,01 (4,90) 7,55 (3,81) 7,88 10,12 10,73 (3,57) 9,23 9,76

Option L

Coefficients

Philosophie Littérature Histoire Synthèse Option LV1 LV2
5 5 5 3 4 5 3

Moyennes (écarts types)

Année Philosophie A/B Littérature A/B Hist A/B Synthèse Option LV1 LV2
97 8,43 (3,20) 8,70 (3,04) 8,62 (2,94) 9,46 7,60 (3,38) 9,34 8,25
98 8,28 (3,22) 8,98 (2,74) 7,98 (3,23) 10,12 8,41 (3,62) 10,83 8,96
99 7,17 (3,23) 8,41 (2,92) 6,63 (2,99) 9,96 8,24 (3,99) 10,79 8,93
00 6,54 (1,98) 8,37 (3,44) 9,09 (2,88) 10,78 9,11 (4,07) 10,43 8,72
01 9,58 (3,41) 8,34 (2,65) 9,72 (3,01) 9,83 8,63 (3,92) 10,23 8,85
Année Philosphie FC Littérature FC Histoire FC
97 9,65 (2,83) 6,17 (2,91) 6,98 (2,75)
98 9,36 (2,21) 9,03 (4,51) 7,36 (2,69)
99 10,82 (2,24) 9,03 (4,65) 5,67 (3,83)
00 11,30 (2,39) 9,68 (4,42) 8,32 (3,06)
01 10,44 (2,89) 10,19 (4,13) 8,48 (2,77)

Option S

Coefficients

Math 1 Math 2 Dissertation Synthèse Hist-Géo LV1 LV2
6 4 4 3 5 5 3

Moyennes (écarts types)

Année Math 1 Math 2 Dissertation Synthèse Hist-Géo LV1 LV2
97 7,90 (3,81) 8,93 (4,47) 7,77 (2,70) 9,70 (2,86) 9,00 (3,09) 9,45 (2,72) 10,26 (3,01)
98 8,04 (4,02) 8,89 (3,94) 7,66 (2,59) 9,45 (3,10) 9,18 (3,02) 10,37 (2,78) 10,16 (2,98)
99 8,72 (4,45) 8,90 (4,80) 7,80 (2,62) 10,09 (3,11) 9,06 (2,97) 10,24 (3,00) 10,70 (3,29)
00 8,78 (4,26) 9,66 (4,14) 7,77 (2,47) 9,94 (2,99) 9,34 (3,14) 10,26 (3,07) 10,37 (3,33)
01 8,25 (4,42) 9,70 (5,10) 7,90 (2,91) 10,42 (3,15) 9,30 (3,42) 10,18 (3,27) 10,42 (3,15)

Option T

Coefficients

Math 2 Tech Gest Dissertation Synthèse Economie LV1 LV2
5 6 4 3 5 5 2

Moyennes (écarts types)

Année Math 2 Tech Gest Dissertation Synthèse Economie LV1 LV2
97 6,07 (2,76) 12,31 (2,80) 5,03 5,27 7,06 (2,49) 4,83 6,51
98 5,77 (3,87) 10,19 (2,43) 4,28 6,54 8,46 (3,18) 6,36 5,06
99 8,67 (6,22) 11,72 (2,20) 4,48 7,27 7,54 (3,26) 6,02 7,32
00 9,21 (5,49) 10,65 (2,95) 4,95 8,00 9,20 (3,31) 6,49 6,33
01 8,20 (3,12) 9,67 (1,95) 4,86 8,29 7,92 (3,12) 5,71 6,57

Roland ROUSSILLON
Janvier 2002