ECRICOME 2006

ANGLAIS LV 1

1. VERSION

The great jobs switch

That employment in manufacturing, once the engine of growth, is in a long, slow decline in the rich world is a familiar notion. That it is on its way to being virtually wiped out is not. Yet, calculations by The Economist suggest that manufacturing now accounts for less than 10% of total jobs in America. Other rich countries are moving in that direction, too, with Britain close behind America, followed by France and Japan, with Germany and Italy lagging behind.

Shrinking employment in any sector sounds like bad news. It isn’t. Manufacturing jobs disappear because economies are healthy, not sick.

The decline of manufacturing in rich countries is a more complex story. Manufacturing output continues to expand in most developed countries. Despite the rise in Chinese exports, America is still the world’s biggest manufacturer, producing about twice as much, measured in value, as China.

The continued growth in manufacturing output shows that the fall in jobs has not been caused by mass substitution of Chinese goods for locally made ones. It has happened because rich-world countries have replaced workers with new technology to boost productivity and shifted productivity and shifted production from labour-intensive products such as textiles to higher-tech, higher value-added sectors such as pharmaceuticals. Within firms, low-skilled jobs have moved offshore. Higher-value R&D, design and marketing have stayed at home.

The Economist, 1st October, 2005

2. THÈME

Les stars et les vedettes du show-biz américain ont été plus rapides que George W. Bush, son gouvernement et tous les sénateurs des Etats-Unis : elles ont débarqué dès les premiers jours en Louisiane. Ceux que l’humoriste Jon Stewart appelle d’un ton légèrement ironique les « brigades de Beverly Hills » ont devancé les véritables Marines pour sauter dans leur avion privé et aller à la rescousse des naufragés de l’ouragan. L’acteur Sean Penn a ainsi parcouru les rues inondées de la Nouvelle-Orléans sur une barque, sauvant des victimes sur les toits ou dans les greniers des maisons, pendant que Julia Roberts apportait des couches et embrassait les enfants en Alabama. La femme la plus puissante de la télévision, Oprah Winfrey, n’a pas hésité à embarquer ses célèbres amis pour aller aider et soutenir sa communauté des Noirs américains. En colère et en larmes.

Plus ambigu, John Travolta est arrivé dans un avion rempli de vivres mais affrété par sa secte, l’Église de Scientologie. Rapides, les stars ont tout de suite sorti leur carnet de chèques; le million de dollars est le minimum. Elles ont accepté de participer à tous les événements télévisés pour récolter des fonds.

Libération, le 12 septembre 2005

3. Cette partie est au choix, 3.1 Essai ou 3.2 Thème-contraction.

3.1. ESSAI

Les candidats sont priés d’indiquer le nombre de mots employés (de 225 à 275)

More and more women are occupying top-ranking positions. How would you explain this?

3.2. THÈME-CONTRACTION (commun à toutes les langues)

Les candidats sont priés d’indiquer le nombre de mots employés (de 180 à 220)

Une « éthiquette 100% américaine »

Tout commence à la fin des années 1980, lorsque Dov Charney, originaire de Montréal, étudie dans un lycée privé du Connecticut. Fils d’un architecte et d’une artiste peintre renommée, il est considéré comme un excentrique hyperactif. Il aime décrypter les nouvelles tendances de la mode et développe une véritable passion pour le t-shirt américain. Or, ces t-shirts « blancs, simples, et agréables à porter» ne sont pas disponibles au Canada. Dov, encore adolescent, décide d’y remédier. Il en achète des centaines, leur fait passer la frontière, emballés dans des sacs poubelle et les revend à chaque coin de rue de la capitale québécoise. Élève brillant mais dissipé, sa passion pour le t-shirt le pousse à quitter les bancs de l’université du Michigan. Il veut se lancer et créer sa propre société de design et de fabrication. Il étudie comment fonctionnent les grands acteurs de ce marché, tels que Fruit of the Loom, Hanes ou Champion. Il observe que tous ces industriels sous-traitent leur production dans les pays à bas salaires, en République Dominicaine, en Haïti, au Mexique et bientôt en Chine. Il se rend sur place et découvre, qu’étant donné le nombre de fournisseurs impliqués, il est quasiment impossible de s’assurer que les vêtements sont produits dans de bonnes conditions de travail. Les «sweatshops»*, ces ateliers tant décriés, dans lesquels les conditions de travail sont déplorables, sont souvent utilisés. Ceux-ci abritent des hommes, des femmes et même de jeunes enfants qui travaillent jusqu’à seize heures par jour, à des cadences infernales, et pour des salaires de misère. Nous sommes au milieu des années 1990, le monde occidental commence à peine à découvrir les destins individuels tragiques cachés derrière les vêtements qu’il porte.

Il décide alors de prendre le contre-pied total des pratiques habituelles. « Je voulais prouver que produire dans ce type d’ateliers clandestins, en exploitant ce qui s’apparente à des esclaves modernes revenait finalement plus cher que de produire de manière éthique, aux Etats-Unis.» Il crée sa société en 1998 et choisit de payer ses dix premiers employés 13 dollars de 1 ‘heure, alors que le salaire minimum en Californie est à 8 dollars seulement. Il offre une très bonne couverture sociale, subventionne les déjeuners et les tickets de bus de ses employés, et pratique des horaires décents. Il propose de nombreux avantages comme des cours d’anglais ou d’espagnol, des téléphones gratuits pour appeler aux Etats-Unis et même des séances de massage lors des pauses ! Son usine n’est pas en Chine mais en plein centre-ville de Los Angeles, une zone économique sinistrée.

Malgré des pratiques sociales avant-gardistes, Dov sait que, pour connaître le succès, il lui faut avant tout être irréprochable sur la qualité des vêtements qu’il dessine. D’abord destinés à ses « amis de la rue », ses modèles ont pour cible une population jeune et sportive. Au-delà du slogan « sweatshop-free t-shirts »**, Dov rêve de créer une société « plus humaine, plus jeune et plus juste ».

Malgré des premiers résultats encourageants et des boutiques qui ouvrent dans quelques grandes villes américaines, il a beaucoup de difficulté à convaincre les banquiers californiens de le soutenir dans son développement. Son approche en « intégration verticale» les effraie, elle est totalement à contre-courant de ce qui se passe partout ailleurs aux Etats-Unis. Plus lentement mais sûrement, il fait grandir son entreprise en réinvestissant tous ses bénéfices dans la société.
Aujourd’hui, il a prouvé à ceux qui ne lui ont pas fait confiance lorsqu’il en avait besoin qu’ils se trompaient… Selon lui « ils ne comprenaient pas comment nous arrivions à être aussi rentables, en payant nos salariés aussi bien ». En dehors du pays, on peut trouver la main d’œuvre à 30 cents de l’heure. Il explique: «Nos salariés sont plus heureux, plus motivés, travaillent mieux et ne nous quittent plus. » Lors de notre visite de l’usine, nous avons appris que la liste d’attente pour intégrer la société était de mille personnes !

Reconnu pour ses innovations sociales, Dov veut désormais devenir, en conservant son rythme de croissance, irréprochable en matière d’environnement. Il nous explique: « L’industrie textile s’approvisionne principalement en coton génétiquement modifié du sud des Etats-Unis, cultivé avec un emploi massif de pesticides chimiques, connus pour contaminer les nappes d’eau potable, provoquer des cancers, et empoisonner les animaux sauvages. En effet, la production de coton utilise un quart des pesticides produits dans le monde qui sont responsables, selon certaines ONG, de la mort directe de 67 millions d’oiseaux et 14 millions de poissons chaque année sur le territoire américain. Dov a lancé également une grande campagne de recyclage dans son usine. Celle-ci permet de collecter et de réutiliser plus de mille tonnes de fibres, auparavant destinées à la décharge.

Un rien déjanté, l’esprit bouillonnant et sans cesse à l’affût de nouvelles idées, Dov Charney prouve chaque jour que les délocalisations dans les pays développés et les pertes d’emploi qu’elles entraînent n’ont rien d’une fatalité. Il prouve aussi et surtout, qu’une politique sociale d’avant-garde est un investissement sensé.

Sylvain Darnil & Mathieu Le Roux, 80 hommes pour changer le monde, J.c. Lattès, 2005

* « sweatshops » : ateliers clandestins au rythme de travail intensif ** « sweatshop-free t-shirts» : t-shirts « éthiques»