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Suite aux déclarations du premier vice-président de la Conférence des présidents d’université (CPU)
lors de son colloque des 17 et 18 mars, et aux réactions qu’elles ont suscitées, les associations de
professeurs de classe préparatoire
[[Les associations de professeurs de classes préparatoires aux grandes écoles regroupent la grande majorité des
professeurs de ces classes . Fonctionnant en parfaite harmonie, elles ont créé un portail commun d’accès à leurs sites mais aussi à une multitude d’informations sur les CPGE : prepas.org. On y trouve en particulier les actes du colloque
«Démocratie, classes préparatoires et grandes écoles» (Paris, 2003) qui, à partir des analyses d’historiens,
statisticiens, sociologues, a cherché les moyens de renforcer l’ouverture sociale des CPGE.]]
aux grandes écoles (CPGE) tiennent à rappeler que les classes
préparatoires constituent une composante à part entière de l’enseignement supérieur. La loi
l’affirme, la reconnaissance nationale et internationale accordée aux étudiants ayant bénéficié de ce
parcours le confirme.

Localisées dans quelque deux cent quatre-vingts lycées formant un véritable maillage du territoire,
le réseau des classes préparatoires accueille plus de soixante-dix mille étudiants, qui seront demain
des cadres, ingénieurs, gestionnaires, professeurs, chercheurs, philosophes, écrivains, entrepreneurs,
du secteur privé comme de la fonction publique.

Leur mission est d’abord d’offrir une large palette de formations généralistes de haut niveau, prenant
en compte les derniers développements des disciplines enseignées et la préparation à des démarches
de recherche, dans un souci humaniste et scientifique. Les cursus sont organisés en cohérence avec
l’enseignement plus spécialisé dispensé au sein des grandes écoles : celles-ci font très régulièrement
valoir les atouts spécifiques acquis par les étudiants des classes préparatoires.

Le pilotage de ce dispositif est national : c’est un gage de qualité et d’équité. Alors que les
programmes des universités ont tendance à se différencier, et plus encore à se particulariser, ceux
des classes préparatoires sont nationaux. Ils sont conçus par des commissions réunissant, sous
l’autorité de la direction de l’enseignement supérieur, des inspecteurs généraux, des professeurs
d’université, de grande école et de classe préparatoire, avant d’être soumis au Conseil supérieur de
l’éducation (CSE), au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) et
au Conseil national des programmes (CNP). Ce processus assure au réseau des classes préparatoires
une réactivité toute particulière : s’appuyant sur une prise en compte effective de la réalité de
l’enseignement secondaire, il permet de satisfaire pleinement aux impératifs des grandes écoles et
plus généralement des établissements d’enseignement supérieur.

La validation des compétences est réalisée lors de concours nationaux anonymes, qui ont un effet
d’entraînement déterminant sur l’ensemble des acteurs de ce dispositif de formation.

Les enseignants des classes préparatoires sont des professeurs agrégés, le plus souvent titulaires
d’un diplôme de troisième cycle : le doctorat tend à devenir la règle. Parmi les nombreuses voies qui
s’offraient à eux, ils ont choisi par vocation celle de l’enseignement à temps plein. Nommés par une
commission nationale sur la base de leurs qualités académiques et pédagogiques, régulièrement
évalués par l’inspection générale, ils assurent dans leur discipline les cours, les travaux dirigés et
pratiques, et une partie des interrogations orales ; la qualité de leur travail, leur forte implication
dans l’encadrement des étudiants et leur attachement à la réussite de tous sont largement reconnus et
appréciés.

C’est ainsi que selon les enquêtes de la direction de l’évaluation et de la prospective (DEP) réalisées
en 2001 et 2004, les étudiants des classes préparatoires expriment à l’égard de leur filière « une très
grande satisfaction, qui se maintient, voire se renforce, chez ceux qui y passent deux, voire trois
années. […] Sur la façon dont se déroule le contrôle des connaissances, ainsi que sur le suivi et
l’encadrement, cette satisfaction reste partagée par neuf étudiants sur dix : l’écart sur ce dernier
point est considérable avec les bacheliers inscrits dans le premier cycle universitaire, qui se
plaignent à 63 %
» (voir les notes d’information 01-33 et 04-14 du ministère de l’éducation
nationale).

Parlant des professeurs de classe préparatoire, Christian Margaria, président de la Conférence des
grandes écoles, écrit dans le Monde daté du 12 avril 2005 : « Le goût de l’effort et la capacité de
travail acquis par les étudiants de CPGE au contact de ces pédagogues remarquables, alliés à des
programmes conçus pour donner un socle important de connaissances scientifiques, sont reconnus
par les recruteurs comme garantissant l’absence de lacunes sérieuses et constituant un fondement
fiable pour la carrière du futur cadre supérieur.
»

Conçues, comme leur nom l’indique, pour préparer à une poursuite d’études en grande école, les
CPGE apportent plus largement à chaque étudiant, quel que soit son parcours ultérieur, les
connaissances et les méthodes indispensables à la réussite de son projet personnel.
Le devenir des étudiants des classes préparatoires est en effet très diversifié. Le plus grand nombre
poursuit ses études en grande école (école d’ingénieurs ou de management, école normale
supérieure, institut d’études politiques etc.) ; la voie de l’université (licence troisième année ou
master) est choisie par une part non négligeable qui y réussit très bien. Une grande partie des
étudiants de troisième cycle universitaire, qu’ils soient passés par une école ou par un deuxième
cycle, ont ainsi commencé leurs études supérieures par une classe préparatoire.

Les classes préparatoires ne sont pas un monde fermé et replié sur lui-même, mais constituent plutôt
un vaste établissement organisé en réseau, en connexion avec l’ensemble des composantes de
l’enseignement supérieur. Les professeurs participent aux actions de formation continue organisées
conjointement avec les grandes écoles ; ils sont en contact régulier avec leurs collègues des écoles
ou des universités ; ils contribuent à la formation des candidats aux concours de recrutement des
professeurs du second degré ; nombre d’entre eux participent à des travaux de recherche. Ils
communiquent entre eux, partagent des expériences pédagogiques, mettent en commun des
ressources documentaires, organisent conférences et colloques, participent activement à
l’information dans les lycées, avec le souci de favoriser l’orientation vers les classes préparatoires
des élèves de toutes origines sociales.

De leur côté, les étudiants, depuis l’importante réforme de 1995, sont amenés à travailler avec
davantage d’autonomie et sont confrontés à des problématiques parfois ouvertes, nécessitant un
investissement important et une approche distincte du cours magistral.

Par exemple, dans les classes scientifiques, au travers des TIPE (travaux d’initiative personnelle
encadrés), ils sont conduits à une réflexion approfondie sur un sujet qu’ils choisissent, à des
expérimentations, à des simulations informatiques, à une analyse de problèmes pouvant s’appuyer
sur la démarche inductive de l’ingénieur. De leur propre initiative, ils rencontrent à cette occasion des interlocuteurs spécialisés, ingénieurs, industriels, chercheurs, enseignants-chercheurs des
universités, au sein d’établissements publics ou privés.

Ajoutons que les CPGE ne creusent pas, comme on l’entend parfois, les inégalités scolaires, mais
tendent bien au contraire à réduire celles qui se sont installées tout au long du parcours scolaire de
l’élève, au collège et au lycée. En accompagnant et encadrant comme il se doit les étudiants les plus
fragiles socialement, les professeurs des classes préparatoires, qui savent ce que l’école leur a
apporté, ont à coeur de remplir la mission de promotion sociale que la Nation leur a confiée.

A l’issue du colloque de la CPU, dans son discours intitulé « Les universités françaises : une
nouvelle ambition
», M. Vallée, premier vice-président, a émis dix propositions, dont la deuxième
est la suivante :

« L’université française est pilote des formations post-baccalauréat et acteur principal de la
formation des cadres.
»

Ce vaste programme, dont nous ne connaissons pas les contours exacts, reste pour le moment
étrangement limité à l’intégration, à terme, des classes préparatoires aux grandes écoles en tant que
composantes d’université, ce qui nous semble témoigner d’une vision sommaire des enjeux actuels.

Les associations de professeurs de CPGE contestent ce projet agressif qui, par le biais d’une
offensive contre les classes préparatoires, refuse de reconnaître la réalité de l’enseignement
supérieur.

Le pilotage par les universités de toutes les composantes de l’enseignement supérieur (classes
préparatoires, écoles normales supérieures, grandes écoles, mais aussi instituts, écoles d’architecture
ou autres) en menaçant la nécessaire diversité des formations supérieures, nuirait à la vitalité de
l’ensemble du dispositif, déstabiliserait l’orientation des bacheliers – alors que les classes
préparatoires ont contribué jusqu’ici à modérer les effets de la désaffection pour les études
scientifiques – et irait donc à l’encontre de l’intérêt des étudiants comme de celui du pays.

Des coopérations équilibrées entre les universités et les autres formations d’enseignement supérieur
sont souhaitables. Pour ce qui concerne les classes préparatoires, des conventions avec les
universités existent déjà, faisant localement travailler ensemble professeurs d’université et
professeurs de classe préparatoire, présidents d’université et proviseurs de lycée.

Mais aujourd’hui, les relations entre établissements doivent être définies dans le cadre de l’espace
européen de l’enseignement supérieur. La lisibilité et la diversification de l’offre de formation, la
mobilité des étudiants sont les objectifs essentiels du processus de Bologne et doivent permettre à
chaque étudiant de construire progressivement son parcours individuel. C’est le sens de la
généralisation de l’ECTS (système européen d’accumulation et de transfert de crédits) à disposition
de tous et dont les potentialités doivent être le plus largement exploitées.

Au vu de leur rôle dans le parcours des étudiants qui bénéficient de ces formations, et compte tenu
des enjeux liés à la démocratisation de l’enseignement supérieur, il est difficilement concevable que
les cursus des classes préparatoires ne soient pas reconnus en tant que tels.

C’est pourquoi les associations demandent que la position des classes préparatoires soit clairement
affirmée dans l’ECTS, que les formations dispensées y soient précisément décrites et qu’un mode
propre d’attribution des crédits ECTS soit mis en place.

Conformes au processus de Bologne, ces mesures simples et cohérentes fourniraient un moyen clair
et transparent pour améliorer le système actuel des conventions, utile mais restreint et disparate ; audelà,
en permettant l’acquisition de crédits transférables clairement identifiés, elles favoriseraient
l’orientation vers l’enseignement supérieur long des bacheliers, notamment ceux de milieu
populaire, qui aujourd’hui l’évitent par crainte, méconnaissance et autocensure : il est établi en effet
que les élèves des milieux les plus fragiles sont les plus soucieux d’une reconnaissance rapide et
tangible de leur travail.

Nous ne doutons pas qu’à l’instar de toutes les autres composantes de l’enseignement supérieur, les
universités sauront dans ce nouveau contexte renouveler leur confiance dans un système autonome
qui depuis toujours leur a permis d’accueillir et de conduire vers le succès un grand nombre des
étudiants des classes préparatoires.

Au moment où la lutte mondiale s’intensifie dans le domaine de la formation, le seul vrai défi à
relever est la construction de l’espace européen de l’enseignement supérieur et les querelles
subalternes n’ont pas lieu d’être. Les classes préparatoires, dont toutes les enquêtes montrent qu’elles
bénéficient aujourd’hui de la confiance des bacheliers et de leurs parents, souhaitent, dans le respect
de leur identité, coopérer avec les autres composantes de l’enseignement supérieur. Car l’objectif
essentiel, qu’elles savent partager avec l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur, est la
réussite de chaque étudiant et au-delà celle de notre pays.

Contact : Johan Yebbou, président de l’UPS,

01 42 52 63 34

06 30 60 32 08

johan.yebbou@prepas.org


APHEC : Association des professeurs en classes préparatoires économiques et commerciales

APPLS : Association des professeurs de première et de lettres supérieures

UPA : Union des professeurs des CPGE agronomiques, biologiques, géologiques et vétérinaires

UPLS : Union des professeurs enseignant les disciplines littéraires dans les classes préparatoires
scientifiques

UPS : Union des professeurs de spéciales

UPSTI : Union des professeurs de sciences et techniques industrielles